mardi 27 mars 2012

Je n'avais jamais imaginé mon grand-père en train de se palucher



En vagabondant de blogue en blogue, hier matin, pour faire moisson d'images à publier ici, je suis tombé sur la photo d'un vieil homme (probablement moins que moi!) qui se paluche. Il ressemble à mon grand-père paternel. Mais dans mon souvenir, grand-père Édouard était plus grand, plus solide et rayonnant. Il avait 70 ans lorsque je suis né et moi 20 à sa mort. Je le secondais dans son large potager lorsque j'allais lui rendre visite; il me récompensait d'une thune: cinq francs suisses, une grosse somme pour un petit garçon.

Mon grand-père avait quitté la Suisse avant la fin de son adolescence pour chercher du travail. Dans les familles de petits paysans, seul le fils aîné restait sur la ferme, les autres devaient se trouver un emploi ailleurs. Le pays était pauvre. C'est ainsi qu'Édouard est devenu cocher à Nice -- l'équivalent de taxi d'aujourd'hui. Dans l'épisode suivant, il a emmené sa jeune épouse, sa mère et l'une de ses soeurs en Angleterre. C'est là qu'est né mon père, au temps de la reine Victoria. Longtemps plus tard, grand-père et grand-mère ont ouvert une pension (maison d'hôtes) dans une station d'hiver grâce à leurs économies. Puis se sont installés dans un climat plus doux, près du lac Léman.

Mon grand-père, ou presque...
L'autre jour, j'ai rencontré grand-père Édouard; c'était la première fois depuis sa mort. Je l'ai invité en utilisant une technique que je pratique depuis une trentaine d'années: la sophrologie. Elle me permet, entre autres, d'accéder à un niveau de conscience similaire à l'état de veille (ondes alpha) dans lequel j'entre par auto-hypnose (un truc tout simple). Jusqu'à récemment, je n'y retrouvais que des personnes vivantes. Par exemple mon chef bourru, patron d'une entreprise de 4000 personnes, afin d'ajuster mon attitude face à lui. Ou pour deviner si j'avais un avenir sentimental avec tel beau médecin, sympa mais imprévisible; mieux vaut comprendre la situation avant de tomber dans un piège.

Vous aussi Dr Freud?
Depuis quelques mois, je rencontre aussi des trépassés. D'abord mon autre grand-père, que je n'ai pas connu. Ma mère, sa fille préférée, le décrivait (implicitement) comme un patriarche et un industriel tellement au-dessus de ce pédé rêveur, pas doué pour les affaires, que je suis. Et nous sommes devenus amis, lui et moi, ce que je n'imaginais pas possible. Il m'encourage dans mes activités, y compris ce blogue à la limite du porno, lui qui était si pieux, si hétéro (13 enfants)... Nous nous rencontrons chaque semaine.

Et maintenant, j'ai aussi conversé avec l'autre grand-père, un homme plein d'humour pour lequel j'avais une réelle affection. Et dans notre premier face-à-face, j'ai pris conscience que derrière sa façade riante et amicale, il y avait beaucoup de secrets. Je vais devoir les explorer, comme je l'ai fait chez mon père, pour me libérer de leur poids.

Je n'avais jamais imaginé mon grand-père en train de se palucher, comme moi "à son âge". Maintenant que nous sommes des amis, des égaux, c'est tout naturel. Et vous?

André

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