jeudi 28 décembre 2017

Un mec nu cause scandale dans la Crèche de Noël du Vatican


Ce qui compte pour l'Évangile, ce ne sont ni la bite ni le cul, mais le coeur.


L'actualisation de la Nativité, place Saint-Pierre à Rome: penser aux migrants.

La Crèche de la Nativité qui est [ou était, si l'affaire s'envenime] exposée cette semaine sur la place Saint-Pierre à Rome cause scandale auprès des catholiques intégristes. Parce qu'elle comporte un personnage ne figurant pas dans la mise en scène traditionnelle. C'est un homme nu, étendu par terre, qui représente le voyageur attaqué, dépouillé et laissé pour mort par des bandits dont parle Jésus dans sa parabole du bon Samaritain (évangile de Luc, chap. 10). Deux religieux juifs passent leur chemin sans prendre soin du blessé. Mais un Samaritain (race méprisée par les Juifs de l'époque) s'arrête pour lui sauver la vie... Or il est reproché à cette Nativité -- dont le projet a été ratifié par le Vatican -- d'inclure une illustration homosexuelle ! Enfer et damnation: les hétéros ne sont jamais nus, même devant leur miroir... C'est vrai qu'un gars à poil est une abomination aux yeux de l'Église. Pour preuve, la chapelle Sixtine voisine où Michel-Ange a passé des années à peindre des scènes bibliques.


La chapelle Sixtine.

Les moines de l'Abbaye de Montevergine qui ont créé cette Nativité de la Compassion ont rapproché deux passages de l'Évangile pour illustrer la situation très actuelle et tragique dans laquelle se trouvent les migrants qui abordent en Italie -- un pays submergé que l'Europe soutient paresseusement. Certes, les moines n'ont pas le talent de Michel-Ange, mais ils ont le courage de défendre des causes que d'autres voudraient ignorer. À part les réfugiés -- auxquels des pays bien catholiques tels que l'Autriche, la Hongrie et la Pologne ferment leurs portes -- l'Abbaye de Montevergine soutient aussi la communauté LGBT en prêchant son inclusion dans une société italienne qui a pris un grand retard en ce domaine.






La "paganisation" de l'Italie 50 ans après mai 68.

Écoutez l'historien de l'Église Roberto de Mattei décréter que cette Nativité représente une nouvelle tentative "de paganiser l'Italie et l'Europe" en s'installant dans des lieux de culte chrétiens "pour les réacclimater à leurs origines païennes". Le mouvement LGBT n'est pas seulement politique ou culturel, précise-t-il, mais "un mouvement religieux" avec des caractéristiques païennes. "Ce qui ne devrait pas nous surprendre, parce que le sexe était aussi au centre de nombreux cultes païens." Voici donc une persécution qui vise "ceux qui sont demeurés fidèles au catholicisme". L'historien conclut que l'an prochain marquera le 50ème anniversaire de la "révolution" de mai 1968 qui, de culturelle et sexuelle va être maintenant "transformée en révolution religieuse" où le sexe, toujours au centre, sera "métamorphosé en une divinité destinée à remplacer le christianisme".


Le rite païen oublié depuis l'invention du Christianisme.





Ah! si la déesse Sexualité pouvait renverser l'Église catho là où elle a péché dans toutes les directions, du célibat de son clergé jusqu'à l'abus commis sur les enfants, les adolescent-e-s ainsi que tant d'adultes. Sans oublier sa condamnation du divorce, de l'avortement, de l'homosexualité, de la pilule et du préservatif...


Place Saint-Pierre: le blessé de la Nativité qui fait scandale.

Revenons au Samaritain de la parabole qui fut pris de compassion envers le blessé au bord du chemin. "Il s'approcha et banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, [à son départ] il sortit deux pièces d'argent, les donna à l'aubergiste et dit: 'Prends soin de lui, et ce que tu dépenseras en plus, je te le rendrai à mon retour.' Lequel de ces trois passants s'est-il révélé le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands [demanda Jésus] ? C'est celui qui a agi avec bonté envers lui, répondit l'homme de loi. Jésus lui dit: Va et agis de la même manière."


Ce qui compte: ce n'est pas le cul, mais le coeur.

Le groupe Out Of The Blue, formé d'étudiants d'Oxford plus quelques renforts, a enregistré ce cantique de Noël -- puisé parmi les grandes oeuvres anglo-saxonnes de circonstance -- pour produire un single vendu au profit d'une oeuvre charitable britannique. Dommage que Theresa May ne l'ait pas offert à tous les fonctionnaires de Bruxelles penchés sur les négociations du Brexit. Cela les aurait incités à liquider le dossier au plus vite.





Nativité anglaise après le Brexit.

Bonus: Mme Brown et les deux prêtres: son fils et l'ami de celui-ci.




Deuxième bonus:


Le matin de Noël, en se penchant à la fenêtre, les résidents de Broome street, quartier de Lower East Side à New York, ont découvert cette bite qui avait été peinte durant la nuit par Carolina Falkholt, artiste de rue. "Je n'ai jamais entendu autant de rires et vu autant de visages hilares de ma carrière," a déclaré Carolina, 40 ans, qui est Suédoise. Autant dire que c'étaient des réactions de noctambules. Le jour de Noël, ce sont les grincheux qui ont fait rigoler sur Instagram.

dimanche 24 décembre 2017

Se prêter mutuellement main forte et complice : cadeau fraternel


Pourquoi se palucher en solitaire si l'on peut le faire en bonne compagnie ?























Ces jeunes hétéros n'ont pas honte de goûter à une complicité fraternelle.

mercredi 20 décembre 2017

Mauvaise année pour les mâles alpha aux mains baladeuses





Les mauvaises nouvelles sont réjouissantes pour ceux qui ne se sentent pas concernés. C'est le principe de la Schadenfreude allemande, la joie sournoise. Ainsi, on a appris hier que le nouvel et unique porte-avion britannique, le Queen Elizabeth, souffre d'une voie d'eau seulement deux semaines après sa mise en service. Il a coûté 3,1 milliards de livres et, lors de son lancement, la reine Elizabeth II avait déclaré qu'il incarne le "meilleur de la technologie et de l’innovation britanniques". Au même niveau d'excellence que le Brexit...





Les Allemands aussi l'ont dans le cul. Un feuilleton à rebondissements continue à occuper la justice qui se penche depuis 2009 sur la corruption régnant dans le cartel de la gastronomie teutonne, soit l'entente sur les prix des saucisses à griller et du jambon. Plus d'une vingtaine d'entreprises ont été condamnées en 2014 à une amende colossale -- 338 millions d'euros -- pour s'être concertées pendant des décennies afin d'augmenter leurs marges. Mais les plus lourdement taxées ont exploité une faille légale pour éviter de payer et un tribunal régional va de nouveau se pencher sur ce dossier. À part cela, l'ouverture du futur aéroport de Berlin, initialement prévue en 2012, puis souvent repoussée à cause de problèmes de malfaçon et de corruption, est maintenant annoncé pour l'automne 2020...



L'année écoulée nous a permis de comprendre toutes les nuances attachées à l'expression fake news. Car on n'en parlait pas avant que les Américains n'élisent un fake president. Dans la dialectique racoleuse et jamais digne de confiance de ce personnage, fake news signifie mensonge lorsqu'il parle des médias qui le critiquent et rétablissent la vérité. Mais la plupart des tweets de ce président bidon sont farcis d'insultes, de duperies et de désinformation... Voici donc une fake news réelle. Cette année, la Cour suprême des États-Unis a malheureusement dû suspendre l'installation de la Crèche traditionnelle devant le Capitole de Washington D.C. Pas pour des causes religieuses. Simplement, on n'a pas trouvé trois Sages dans toute la capitale pour incarner les Rois mages. Quant à une Vierge, on la cherche encore. En revanche, il y aurait suffisamment d'ânes pour remplir toutes les Étables du pays...



Ce qui suit n'est pas bidon. La vague de dénonciations qui a suivi l'affaire Weinstein aux États-Unis ne s'est pas arrêtée à la frontière suisse. Dans mon pays, ce sont surtout les politiciens catholiques et quelques intégristes protestants qui s'efforcent d'ignorer la séparation entre l'État et l'Église. Pourtant Jésus est clair à ce sujet: "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." Voici donc l'affaire du politicien Y.C. (nom connu de tous les Suisses), 40 ans, marié, père de deux enfants, élu du Conseil national, vice-président du Parti démocrate-chrétien (PDC) et président de sa commune dans le canton du Valais. Dans la nuit du 18 au 19 novembre dernier, notre mâle alpha -- qui s'est posé en défenseur de la famille traditionnelle et s'oppose au mariage pour tous -- est interpellé par la police dans le jardin de sa maîtresse qui l'a dénoncé pour harcèlement récurrent et qui refuse de lui ouvrir la porte. Il est ivre.





La suite du scénario est concoctée par un cabinet d'avocats après les premières révélations dans les médias. Y.C. se déclare en congé maladie de son mandat pour suivre un traitement contre sa dépendance à l'alcool et reconnaît seulement un comportement de "gros lourd" envers les dames. Mais des femmes, dont plusieurs politiciennes actives au niveau national, décrivent un comportement extrêmement choquant, du harcèlement sexuel manu militari -- le mec a gradé dans l'armée. Et des confrères reconnaissent que les parlementaires mâles ont souvent des attitudes et/ou des paroles déplacées vis-à-vis de leurs collègues féminines. Pendant ce temps, Y.B. disparaît, ne se présente pas aux convocations du parti gardien des valeurs conservatrices pour débattre de son avenir politique. L'excuse: sa démission du Conseil national ne constitue pas un aveu de culpabilité, mais une mesure pour "protéger sa famille." Quelle prévenance !





Le harcèlement est un problème qui remonte à l'homme des cavernes. Ces gars qui pelotent au lieu de charmer, je les plains vraiment car ils manquent de la plus élémentaire capacité à aimer sa prochaine ou son prochain, ainsi qu'à se projeter dans l'avenir, à établir un plan de carrière raisonné, adapté à leurs vraies valeurs (s'ils en ont développé) et à leurs faiblesses. Ces faiblesses personnelles -- tout le monde en a -- ils doivent apprendre à les diagnostiquer et à trouver le moyen d'en guérir, si c'est possible, sinon à choisir un chemin de vie qui ne leur soit pas préjudiciable. Un mec coureur de jupons ne va pas prêcher urbi et orbi les valeurs dites chrétiennes (et souvent crétines) de la famille béton, indivisible, pieuse, aimante et charitable. Oui, je les plains parce qu'ils ont manqué de parents et de professeurs capables d'être des modèles et des mentors. Et parce qu'ils n'ont qu'une idée en tête: arriver, diriger, dominer, spolier.



La complicité mâle séculaire devrait évoluer vers une entraide généreuse et inflexible pour que les roméos de bas étage puissent amender leur conduite ou soient forcés de dégager. Et que les femmes apprennent à se défendre sans crainte de devenir victimes de leurs revendications justifiées. Nous, les pédés qui regardons ces guignols du mariage, cessons de ricaner avec eux -- c'est pas ça la solidarité masculine. Et soyons reconnaissants du privilège que nous avons conquis de haute lutte, dans les pays développés, de pouvoir jouir de l'amour et de l'amitié masculine (avec bénéfices) sans avoir à tricher ni payer.

André