dimanche 6 août 2017

Un "vrai mec" s'est envolé, l'acteur et auteur Sam Shepard n'est plus




"Aucun homme de ma connaissance n'est comparable à Sam en terme de virilité" avait déclaré l'actrice Jessica Lange, celle de ses compagnes avec laquelle Shepard a passé le plus de temps. L'auteur de pièces de théâtre, de nouvelles et de nombreux scénarios, l'acteur et le musicien Sam Shepard est mort jeudi 27 juillet dernier, à l'âge de 73 ans, des suites d’une sclérose latérale amyotrophique. Le thème qui traversait nombre de ses oeuvres concernait le déclin de la condition masculine, particulièrement aux États-Unis où les gars de sa génération étaient encore nourris au mythe du cow-boy solitaire dominant les grands espaces du haut de sa monture.


Peu d'heures avant l'assassinat.

Sam: "John Wayne avec un cerveau".

Lance Armstrong, le tricheur.

En 1984, la photographe Annie Leibovitz -- compagne secrète de l'écrivaine Susan Sontag -- avait tiré un portrait iconique de Sam Shepard pour le magazine féminin Vanity Fair qui l'a présenté comme un "John Wayne avec un cerveau". En équipant Sam de chaps neufs du plus beau cuir qui laissent entrevoir la braguette surmontée de la plaque de la ceinture, la photographe a mis en scène les attributs de la virilité du bluffeur urbain qui, aujourd'hui, dégaine son portable à tout instant et twitte plus vite que son ombre. Le portrait qu'elle a réalisé de John Lennon et Yoko Ono le 8 décembre 1980, quelques heures avant l'assassinat du musicien, est paru dans le magazine Rolling Stone. La lesbienne Leibovitz a aussi réussi à faire poser Lance Armstrong à poil.


Richard Gere et Sam Shepard dans Les moissons du ciel de Terence Mallick, 1978.

La jeunesse de Sam Shepard a été marquée par la brutalité d'un père alcoolique. Le thème de la violence -- pas forcément les coups -- traverse son oeuvre. Dans une interview au New York Times en 1984, il déclarait à ce sujet: "Il y a aussi quelque chose de très émouvant à ce sujet, parce que la violence est liée à l'humiliation. Le mâle anglo-américain porte en lui un mystère profondément ancré qui est lié à un sentiment d'infériorité, comme s'il n'était pas suffisamment homme. Dès lors, il s'oblige continuellement à assumer une fausse virilité qui serait forcément violente. Cette impression d'échec le poursuit. Il a probablement le sentiment que les grands espaces du western n'existent plus, à quoi s'ajoute la honte d'avoir conquis ce pays en éradiquant son peuple d'origine."






Alors que le mythe des grands espaces disparaît, les gens ressentent le besoin de croire en quelque chose d'autre et s'accrochent à toutes sortes de faux messies qui se remplissent les poches en exploitant leur crédulité. "Je considère le mouvement punk et la foi évangélique comme des réponses identiques à ce besoin. Pour les uns, il s'agit d'adopter un genre d'habillement, pour les autres la métaphore du Christ." Les personnages tourmentés de l'écrivain Shepard s'inventent une histoire parce qu'ils sont décalés, privés de passé. Les pères ne reconnaissent même pas leurs fils. En cherchant à se créer à une nouvelle vie, ils changent de personnalité, de costume et ne se retrouvent plus eux-mêmes. Regardez comment Shepard l'acteur incarne l'un de ces hommes perdus face à la splendide Dolly Parton.                                     André










2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le CSA condamne France 2 pour son reportage sur les stages de masculinité au JT de 20 heures (cinq minutes d’immersion dans l’un des stages de masculinité catholiques qui fleurissent en France).

On est passé d'une société qui humiliait la femme à une société qui humilie l'homme. Il aurait fallu s'arrêter au milieu.


Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a annoncé mercredi avoir infligé à la chaîne C8 du groupe Canal+ une amende de 3 millions d'euros, pour la diffusion d'un canular homophobe dans l'émission "Touche Pas à Mon Poste" de Cyril Hanouna.

clodoweg a dit…

Shepard avait un œil drôlement pointu sur le "mâle américain".