mardi 12 mai 2015

Comment faire avaler du sperme et un mythe fondateur



Dans son blogue du 9 mai dernier consacré à une "tribu gay", l'ami Xersex se réfère à l'étude de l'anthropologue Jared Martin pour décrire les moeurs de la tribu des Sambia de Nouvelle-Guinée. Ce que j'ai lu (il y a longtemps) au sujet des Sambiens me dirige vers une tout autre interprétation. Ceux qui l'ont étudiée sur place rapportent que la tribu considère le sperme comme une denrée rare, un agent de croissance indispensable. [Dans ma jeunesse, beaucoup pensaient encore qu'un mec n'avait qu'un millier de coups à disposition pour sa vie entière -- idée diffusée par le lobby anti-branlette.] Voici comment les Sambiens géraient la hiérarchisation des personnes grâce au sperme. Vers l'âge de 7 ans, les garçons étaient éloignés de leur mère pour vivre dans une case d'initiation en compagnie d'hommes plus âgés. Pour assurer la croissance de leurs facultés viriles, ils devaient avaler régulièrement le sperme d'un aîné, cela durant une dizaine d'années.


Saignée du nez, incision à la lame de rasoir.


Ayant atteint l'âge adulte, ils devenaient à leur tour donneurs du précieux liquide. Entre temps, ils avaient traversé des rites initiatiques douloureux, notamment des saignées pour les purifier du sang féminin qui infectait leur corps. Ils pouvaient désormais se marier; et si leur épouse n'avait pas encore ses règles, elle devait les sucer pour terminer sa croissance. Après la naissance des deux premiers enfants, le mari était enfin considéré comme un mâle accompli. Il devait néanmoins compléter ses réserves de sperme, non plus en ingérant celui d'un copain, mais la sève de certains arbres.

Les photos de cette page ne présentent pas que des tribus de Nouvelle-Guinée.
Toutes les sociétés patriarcales ont inventé des histoires pour rabaisser le rôle de la femme et la rendre dépendante des mâles. Sa capacité de mettre au monde un enfant sans autre apport masculin que quelques gouttes de sperme lui délègue un ascendant tel que le mâle hétéro y perd ses couilles... Exemples actuels de stratégie misogyne: 1) La différence de salaire qui perdure en Occident malgré les lois. 2) Le rejet des femmes prêtresses dans l'Église catholique; il faut en avoir dans le slip pour dire la messe et procéder au sacrifice du Christ. 3) La prohibition de la pilule et de la capote... Et les LGBT subissent les dommages collatéraux.



Initiation: une discipline militaire.

Dans les temps anciens, les vieux mâles sambiens ont mis en place un système pour abaisser les femmes et discipliner les jeunes garçons. Le privilège masculin allait reposer sur les secrets de l'initiation qui ne devaient pas être révélés aux femmes et sur la maximisation du rôle du sperme. Le tout fondé sur les épreuves que devaient traverser les mecs pour accéder à leurs privilèges d'adultes. [Chez nous c'était ou c'est encore le devoir militaire et les sacrifices qu'entraînent les guerres décidées par les vieux mâles.]



Inventées par les Sambiens, les différences entre les sexes sont les suivantes. Les femmes grandissent naturellement parce qu'elles ont en elles un organe producteur de sang. Les hommes en revanche doivent être assistés dans leur construction -- c'est évident: les couilles des petits garçons sont vides. Grâce aux fellations, ils pourront développer leur corps et emmagasiner de la substance dans leur petit réservoir. La citerne est pleine lorsque l'adolescent fait ses premiers rêves humides. De son côté, une épouse bien baisée nourrit l'embryon de sperme pour constituer son ossature et sa chair et elle lui donne son propre sang. Ensuite elle transforme la crème mâle en lait pour son bébé. L'homme prend ainsi la première place dans le cycle de la vie.

Voilà comment les patriarches de Nouvelle-Guinée ont réinventé "les lois de la nature" pour accorder au sperme la première place dans les liens sociétaux de la tribu. Et chez nous, quels sont les mythes fondateurs?

André

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans un reportage sur le sperme, j'ai aussi appris qu'une tribu en océanie faisait boire du sperme aux bébés de 7 mois pour éviter la mort subite du nourrisson. On retrouve cette histoire dans le que sais je sur le sperme.

Xersex a dit…

très interessant!!!

au Moyen Age, on pensait que le sperme a été produit par le cœur.

À mon avis, ne devrait pas être sous-estimé le sentiment et la perception du sperme comme un élément vital et typiquement masculin. Voilà pourquoi il a été donné à avaler: pour renforcer l'élément mâle chez les jeunes. Évidemment, il est une idée archétypale, et sans aucun fondement physiologique, mais seulement mentale. Aujourd'hui, nous avalons le sperme comme un acte juste érotique, pas plus!