samedi 28 février 2015

L'échec de Goggle qui voulait jouer au braghettone de Blogspot




Ainsi donc, après des années durant lesquelles Google, propriétaire de Blogger, avait plus ou moins respecté notre liberté d'expression, la multinationale avait décidé de censurer les blogues qui s'adressent aux "adultes" parmi nous. Le message reçu à ce sujet a rapidement disparu de mon compte laissant penser que la réaction du public international était plus large qu'escompté. Sous la pression -- et peut-être aussi la crainte d'une intervention de hackers, ces pirates qui se mettent parfois au service de la liberté d'information -- la compagnie a annulé sa décision. J'y reviendrai plus bas.

Les cache-sexes du braghettone.

Descente de Croix (détail).
Rappelez-vous l'histoire du peintre italien connu sous le nom de Daniele da Volterra (1509 à 1566) et surnommé Il Braghettone, le faiseur de braguettes, de cache-sexes. Il avait travaillé avec Michel-Ange et, après la mort du génie, on l'avait chargé de recouvrir d'un voile les sexes les plus visibles du Jugement Dernier de la Chapelle Sixtine. E la censura è continuata anche nei secoli successivi... L'oeuvre la plus connue de Volterra est sa Descente de Croix peinte d'après des esquisses de Michel-Ange.

Le mépris de Google envers les blogueurs de blogspot.
Le changement que nous proposait Google était hypocrite. À partir du 23 mars, si nous ne voulions pas expurger notre blogue de toute image de nu ou d'acte sexuel, il serait rendu "privé" et seuls les visiteurs inscrits pourraient y accéder. En plus, nous devions apporter "les modifications nécessaires" pour mettre tout le contenu déjà existant en conformité avec les nouvelles règles!!! Imaginez que je braguettonne les 1104 articles publiés depuis juin 2010 -- sur lesquels des visiteurs ont cliqué 2'539'800 fois -- je deviendrais encore plus obsédé sexuellement...



Et les blogues privés ainsi que les titres de leurs nouvelles parutions ne figureraient plus sur les liens ni les moteurs de recherche. Ils auraient été isolés de la grande famille intercontinentale des lecteurs de blogspot. Autant dire qu'il s'agissait d'une mise à mort par Google, maquillée en mesure vertueuse... Face à qui la multinationale voulait-elle se refaire une vertu (à nos dépens)? Elle qui fouine de tous les aspects de notre vie privée dont elle pourrait tirer de l'argent en revendant ces informations!


Les blogueurs de la pédale mis hors course?

Un gouvernement démocratique qui prendrait cette décision serait obligé de la justifier. Mais pas une multinationale impérialiste qui se situe au-dessus des lois. Nous, petits blogueurs qui avons pris grand plaisir à nous exprimer librement devant le monde entier -- jusqu'à publier l'expression photographique de nos fantasmes les plus secrets -- nous prenons subitement conscience des limites de la générosité de Google qui a pourtant changé notre vie par ses servies apparemment gratuits! Cette prise de conscience est dans l'air du temps.

La photo aujourd'hui.

Pompéi.

Dans le marbre.
Les blogueurs qui ont abdiqué ces jours derniers nous manqueront. Et, paraît-il, 4641 blogues auraient été supprimés par Blogger samedi dernier... Ma "ligne éditoriale" qui s'était développée peu à peu était la suivante: 1) cogitations sur la vie des mâles en général -- et des gays -- en cette période de grands bouleversements psycho-sexuels; 2) témoignage d'un senior sur les changements qu'il vit dans sa chair et son âme; 3) publication de l'iconographie érotique gracieusement partagée sur la toile. Hier encore je me demandais si je trouverais le moyen de continuer à publier -- et la patience d'attendre que la censure ne se desserre. Ou si j'allais décider d'abandonner et d'accorder plus de temps à mes autres activités?

Mais une petite voix me disait de ne rien précipiter. Que la mort annoncée d'un grand échange des informations, des idées, des points de vue et des solidarités au niveau mondial n'aurait pas lieu.

André

Un site précieux: http://googlebloggerclosesgayblogs.blogspot.ch/ 

6 commentaires:

Philippe a dit…

...du bonheur d'être parfois un peu largué...
Ouf ! On l'a échappée belle, semble-t-il. Merci à tous ceux qui se sont mobilisés. (Pas moi, parce que je vous avouerai n'avoir pas vu passer le boulet, innocent que je suis...)
Mais permettez-moi de me réjouir quand même avec vous et, pour toi, André à qui est ainsi épargnée une tâche surhumaine. Remarque que tu aurais pu convoquer des volontaires et nous serions tous venus t'aider, assis autour de ta table... Tandis que tu nous aurais servi le thé et quelques gâteaux, comme dans les "cassées de noix" de mon enfance...
Tu dis ?... Ah, ce n'est plus comme ça que ça se passe ?!... Dommage.

André a dit…

La cassée de noix, c'est Google qui nous la promettait.

ZobàDada a dit…

Je me réjouis pour tous ceux qui, comme toi, ont vu plusieurs années de travail menacées par la nouvelle réglementation de Blogger et qui peuvent se rassurer provisoirement que l'apocalypse n'aura pas lieu.
Pour ma part, comme j'avais un blog récent (145 billets), j'ai passé cette semaine de nombreuses heures à retirer les images et vidéos que Blogger ne voulait plus. C'est plus de 50 % de mon blog que j'ai ainsi inutilement mutilé.
Quoi qu'il en soit, la confiance est irrémédiablement rompue. Qui sait quelle nouvelle peau de banane Blogger nous glissera sous le pied dans quelques semaines ou quelques mois ?
A mon avis, la puissante multinationale Google ne fait ici que reculer pour mieux sauter.

André a dit…

Navré pour toi, Zob! Je ne suis pas aussi pessimiste que toi. Je crois que ces géants qui se sentaient au-dessus des lois et du peuple commencent à prendre peur des réactions que leurs entorses aux règles du jeu peuvent entraîner. Un employé pourrait révéler leurs plans secrets, un hacker s'introduire dans le poulailler et saigner la poule aux oeufs d'or. Ou des gouvernements les observer de plus près et faire obstruction...

Xersex a dit…

ésperons tous que André a raison! essayons d'être modérément optimistes!

Anonyme a dit…

Une bonne nouvelle en fin de compte, un gros soulagement. Je me disais que je n'aurais jamais connu la joie de tenir un blog, le mien n'ayant que quelques semaines d'existence et pas encore atteint la maturité escomptée. Comme Zoba, j'ai perdu la confiance, avoir l'impression que tout cela peut s'arrêter du jour au lendemain porte un coup à l'inspiration. Comptons sur ton optimisme André et voyons l'avenir d'un bon oeil.. ou d'un bon pied :)