mardi 25 mars 2014

De l'orgasme masculin, du coming out et de notre initiation gay




Quelques peuples premiers (ce terme est plus respectueux de leurs valeurs que primitifs) pratiquent
encore de réelles cérémonies initiatiques pour transmettre les secrets de la virilité et de la maturité à leurs adolescents. Des jeunes hommes qui ont abandonné la vie traditionnelle pour travailler ou étudier en ville décident néanmoins de s'y soumettre et retournent au village afin d'y participer. Ils veulent respecter le désir de leur père ou ressentent le besoin de traverser cette épreuve qui leur apportera un supplément de sagesse. Non sans appréhension devant l'inconnu qui, le savent-ils, les précipitera dans des expériences de privation, de dépouillement et de douleur. Suivant les régions du monde, il s'agira de flagellations, de circoncision (c'est plus douloureux lorsque la verge est arrivée à maturité), de tatouages, scarifications, entre autres. Mais aussi de perte de repères, de méditation et d'enseignement. Les anciens qui les accompagnent sont tour à tour bourreaux et soutiens. Comme le soigneur du boxeur.


En Occident, nous avons perdu les bienfaits d'une initiation pensée de génération en génération. Restent les scouts et les clubs de sport pour ados (si l'encadrement est sain) ainsi que la camaraderie qu'on y trouve. Les gays traversent une autre sorte d'initiation: la sortie du placard. Certains bénéficient d'un encadrement (copains, aînés, livres, internet). D'autres improvisent dans l'obscurité, ce qui revient à dire qu'ils se lancent courageusement dans une auto-initiation. Tâtonnements, mauvaises rencontres, fausses informations se trouvent sur leur chemin.



Qu'ils traversent avec courage et beaucoup d'émotion... Or ils se trouve que nous revivons ce cycle de libération durant nos orgasmes! Ici on ne parle pas de vidanges, mais d'orgasmes partagés avec un amoureux, avec un ami chaleureux, avec un inconnu qui aura suscité le grand jeu, ou lors d'une prise en main opérée sans hâte. Pourquoi, comment?

Solitude.

Secret.

Humiliations.
Sans en être conscients, nous reproduisons les événements qui nous ont menés au coming out dans ce moment extraordinaire qu'est un orgasme. Pensez: l'excitation, la décision, la montée de tension, la rétention, le larguez tout. L'éjaculation triomphale, c'est la victoire sur le secret, la honte, les humiliations. Sur cette homophobie contre nous-même, si difficile à arracher jusqu'aux dernières racines.


Le coming out, on n'en aura bientôt plus besoin. Quant à l'orgasme, il est éternel: il nous relie au passé et à l'avenir, aux diables et aux dieux.

André

1 commentaire:

Xersex a dit…

Vraiment très interessant ce post! il faut bien ésperer que bientot on ne parle neammoins plus de coming out!

la vie donne par elle-même ses rites de passage en nous présentant ses difficultés naturelles