samedi 30 novembre 2013

Un supplément d'oxygène et d'humour pour un pédé honteux

À Playa del Inglés (Gran Canaria) The Cellar est un établissement écolo où l'on économise la lumière. Bar à thème, il annonce naked in the dark pour une soirée, shoes only pour une autre -- ce qui revient au même puisque, au contraire des mosquées, seul le port des chaussures y est obligatoire. À l'entrée, le caissier en jockstrap récolte une obole de cinq €, boisson comprise. Dans le vestiaire exigu les mecs collés les uns aux autres se déchaussent, se désapent, se rechaussent, enfouissent pantalon et maillot dans un sac et le remettent au préposé en échange d'un bracelet et d'un bon.

Cinq euros, mon rhum-coca compris! J'envoie une pensée fraternelle à nos frères hétéros qui, en France vont être pénalisés pour une petite vidange en compagnie vénale. Nous, on est tout à la fois le client et l'ouvrier (personne n'est exploité), avec la possibilité de déguster avant de choisir, puis de savourer. Voire d'emporter en cas de convenance mutuelle.



La semaine dernière au Cellar je vois derrière des barreaux une alignée de poulets fermiers, plumés, accroupis, les croupions prêts à absorber la farce. Parmi les farceurs à l'oeuvre, un homme, soixantaine, amputé du bras gauche. Aux chiottes, assis dans le bassin-pissoir, un mec attend sa douche. Sans honte, il manifeste sa préférence. C'est cela la vraie transparence dont se gargarisent les politiciens qui se pensent au-dessus des lois. Lorsque je vais me rhabiller, je me trouve à côté du baiseur au bras unique. Je l'aide à enfiler pantalon et veste.



Puis je décide d'aller danser au Na Und (Et Alors?) qui ressemble aux dancings de ma jeunesse où l'on valsait et fox-trottait en couples. La musique du Na Und, allemande et espagnole, date à peu près de cette époque et les vieux bougres qui s'en donnent à coeur joie retrouvent leurs élans de jeunesse. (Une époque où les soirées dansantes entre hommes étaient rares, sauf à Amsterdam. Une époque où, à la sortie de l'établissement, il fallait reprendre le masque...)

Photo German Armenta.
Le lendemain à l'hôtel, nous nous retrouvons côte-à-côte, l'amputé et moi, devant le buffet du petit-déj. Je me penche vers lui et lui demande si sa soirée au Cellar lui a plu. Il me regarde sans me reconnaître et déclare qu'il ne sait pas de quoi je parle. Je lui fais mon sourire cause-toujours... Il hésite: "Hier c'était hier, aujourd'hui c'est aujourd'hui, demain c'est demain." Puis se ravise et demande si cela m'a plu. Il me confond probablement avec l'un des poulets qu'il a enfilés. Pour abréger je réponds que si. Il rejoint une tablée de quatre ou cinq mecs gras et bavards qui racontent tout haut leurs exploits de la nuit... Pourquoi sa honte?

Au cours de ma méditation (d'apprenti médium), je pose la question à mes "guides". Je tire une carte divinatoire et la réponse y figure pile-poil. Le bonhomme ne s'est pas défait du réflexe de camouflage qui lui a sauvé la peau durant sa jeunesse... Je résume: "Votre guide vous encourage à examiner où et pourquoi vous êtes resté coincé dans ce scénario de méfiance qui n'a plus sa justification aujourd'hui. Arrêtez votre cinéma, mettez fin à vos frustrations inutiles et envisagez la vie d'un oeil nouveau. La meilleure manière d'y parvenir est d'y introduire une bonne dose d'humour. Et de vous dire: la situation est parfois critique, mais jamais sérieuse!"

André


jeudi 28 novembre 2013

Lorsque ça démange ou ça déménage, il faut gratter et ajuster...




...et nous pourrions transformer ce geste automatique, sans importance, en un instant de re-connaissance (de redécouverte et de gratitude) envers ces organes intimes qui donnent tant de relief (dans tous les sens !) à notre vie.











lundi 25 novembre 2013

Autoportrait ensorcellé de Egon Schiele chatouillant ses roustons

 
L'oeuvre du peintre autrichien Egon Schiele nous invite à une vigoureuse réflexion sur le rapport d'un homme à son propre corps, au corps d'autres hommes et à celui de la femme. Rien à voir avec la peinture traditionnelle qui fige de belles formes dans des décors idéalisés. Chez lui, les femmes n'hésitent pas à exposer leur sexe, voire à en écarter les lèvres. Ou à prendre en main le membre irrigué de l'homme comme dans L'hostie rouge. Les gars à poil se présentent de face et de dos, leurs grelots bien en évidence.

Schiele nous a laissé plus d'une centaine d'autoportraits, dévêtus pour la plupart. Que nous disent-ils? En tous cas pas: voyez comme je suis beau, ou solide, ou inspiré. D'un tableau à l'autre la question demeure, qui suis-je? comment se fait-il que je sois (encore) en vie? Le peintre apparaît sous toutes sortes d'identités -- de saint Sébastien à Éros --, il a les bras levés, les doigts écartés, la main sur la joue ou sur le sexe; et lorsqu'il bande, qu'il se masturbe, ce n'est pas pour exhiber sa grosse teub rouge. Il se situe devant le miroir de ses sentiments les plus intimes, de ses tortures intérieures. Et son désespoir dégage une sorte de séduction, un appel au secours. Secours qui serait refusé si par mégarde on y répondait.






Fascination narcissique, attirance homosexuelle et ensorcellement hétéro se font écho et j'imagine que leur résonance dans sa tête crée une overdose, animant sa créativité tout en la menaçant. On dit qu'il ne passait jamais devant un miroir sans s'y arrêter pour y trouver son reflet. Dans ses déplacements, il en emportait un qui avait appartenu à sa mère. Analyse psy: cela résulterait d'un désordre narcissique généralement diagnostiqué chez des sujets qui ont souffert de rapports insuffisants avec leur mère durant la petite enfance... Mais que comprennent les psys à la créativité, eux qui travaillent sur la suspicion?





En 1911, année où il se peint en train de se briquer, Schiele rencontre Wally qui deviendra son modèle et restera sa compagne durant deux ans. Ils s'installent à Krumlov, en Bohême, où la ville met un vaste atelier à sa disposition. Mais les sujets pour le moins inhabituels de ses toiles irritent les habitants. Egon et Wally s'installent près de Vienne. L'accueil n'est pas plus chaleureux. Schiele est arrêté sur un soupçon de détournement de mineurs auquel s'ajoute l'érotisme incompréhensible de sa peinture. Il passe 21 jours en détention préventive, est jugé pour outrage à la morale publique et condamné à trois jours supplémentaires à l'ombre. Le détournement n'est pas prouvé. Le tribunal confisque une centaine de tableaux, des nus pour la plupart. Et nous, bien installés devant notre écran, nous admirons son travail, même s'il n'est pas facile à assimiler.

André




vendredi 22 novembre 2013

Baiser à mort, traverser l'enfer des passions et trouver son chemin




"Un homme qui n'a pas traversé l'enfer de ses passions ne les a certainement pas surmontées. Elles se cachent alors dans une maison voisine. Or, sans qu'il n'y prenne garde, une flamme pourrait en jaillir et atteindre aussi sa maison. Si nous laissons de côté ce problème et l'oublions complètement, nous courons le risque de voir tout ce qui a été laissé de côté réapparaître avec une violence redoublée."

-- Carl Gustav Jung, Ma Vie.