mercredi 27 avril 2011

Poser sa tête sur une épaule, comme dans les banquets antiques

Icône du monastère Mar Sarkis en Syrie.
Jésus et ses proches compagnons (3)
Dans Le Banquet dont Platon est l'auteur (vers 380 av. notre ère), plusieurs personnages -- dont Socrate, Alcibiade et Aristophane -- se lancent dans un débat. Comme les disciples de Jésus qui se demandaient qui était le plus important parmi eux tout en préparant le repas pascal; ce à quoi le Maître avait répondu en leur lavant les pieds. Chez Platon, chacun expose sa conception de l'amour tout en buvant et grignotant; le sujet se situe aussi en rapport à un dieu: Éros. Et, tout au cours de la soirée, le jeune Agathon demeure étendu contre le vieux Socrate pour mieux capter sa sagesse à travers la chaleur corporelle. De même, les peintres de la Dernière cène représentent le mystérieux "disciple que Jésus aimait" (ainsi est-il nommé dans les évangiles) appuyant sa tête sur l'épaule du Maître.

Observez le thorax et l'abdomen: nous en reparlerons.
Dans les évangiles, à plusieurs reprises, Jésus ressent de l'amour pour l'un de ses interlocuteurs. Deux termes grecs sont utilisés; soit agape, pour l'affection et le respect, soit phileo pour l'amour conjugal, baiser compris. Lorsqu'un riche notable vient demander ce qu'il doit faire pour hériter de la vie éternelle, Jésus "fixe sur lui son regard et l'aime" d'affection. Le deuxième terme, plus tendre, s'attache à Lazare dont les soeurs inquiètes font savoir au Maître: "Celui que tu aimes est malade!" Lorsque Jésus arrive au village, Lazare est mort et Jésus "verse des larmes". La même nuance amoureuse figure au sujet du mystérieux "disciple que Jésus aimait".

Le panneau entier.
Nous les gars -- hétéros, bis ou homos -- ressentons pareillement ce désir plus ou moins satisfait de moments privilégiés entre hommes. Je pense ici non pas à des activités sexuelles, mais à des relations de partage intime par la parole et par des gestes de fraternité. Durant lesquels nous pourrions nous déboutonner (au-dessus de la ceinture) et échanger en confiance nos expériences et nos questions de tous ordres, qu'il s'agisse de bonheur ou d'échecs -- au-dessous de la ceinture comme au-dessus. Ce que nous n'avons pas vécu avec nos père et grands-pères, ou que nous aimerions prolonger avec nos amis. Pouvoir nous pencher sur une épaule, parler de la foi, de projets secrets et du lancinant désir; être entendus sans critique. Notre société n'offre que de rares occasions; et peu d'entre elles sont totalement satisfaisantes. La possibilité se présente parfois durant la collation qui suit des obsèques; ou dans les vestiaires après le match; dans un groupe d'hommes -- chorale, club de tir, entraînement sportif, échange psy ou spirituel, randonnée. Mais jusqu'où peut-on se déboutonner sans prendre trop de risques? Dites-le moi!

André

5 commentaires:

Pierre-Alain ex-gay a dit…

Nous, chrétiens nés de nouveau grâce au sacrifice de Jésus-Christ sur la croix, purifiés par son sang, nous bénéficions de la communion du groupe d'hommes de la paroisse, groupe précieux devant lequel nous pouvons apporter nos problèmes et confesser nos manquements et nos péchés devant le Seigneur et nos frères pour recevoir le pardon de notre Sauveur. C'est ce que vous appelez le partage intime. L'épaule sur laquelle je me penche est celle du Christ ressuscité.

Lovedreamer a dit…

Ce que je déteste le plus chez les fanatiques religieux de tout poil c'est cette propension à vouloir à tout prix prêcher la bonne parole, convertir ce qu'ils nomment leur prochain, c'est une véritable intolérance face aux valeurs et aux aspirations des autres.
Moi Joaquim, païen condamné à l'enfer, je me penche sur les queues et je n'ai pas besoin qu'une nouvelle honteuse vienne me sauver de la boue pour me traîner dans sa fange.

André a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

J'aimerais connaître un groupe de parole masculin pour être entendu et écouter d'autres hommes. Pas une communauté comme celle de Pierre-Alain où les réponses sont connues d'avance (mais à chacun ses choix). Pas aux pieds de Socrate, se serait trop ardu. Peut-être auprès d'un Jésus qui me ferait décoller très haut (du LSD mystique), mais pas trop longtemps. Mais j'ai cherché dans ma région. Les sites des Réseaux homme sont abandonnés, plus de rendez-vous, pas de programme. C'est pas persévérant, les mecs! Quand à notre club LGBT local, il est animé par des lesbiennes. Là aussi les gars ont déserté. Ils passent leur soirées devant leur webcam à se branler avec des australiens ou ukrainiens. Quelle misère!

mec12 a dit…

Superbes ces commentaires....les extrèmes s'expriment, j'adore !
Par contre Pierre-Alain, ça veut die quoi "ex-gay" ? surtout quand on laisse des commentaires sur un site gay ?!