vendredi 30 avril 2010

Pourquoi les évêques et les curés se tiennent par les couilles


-- Ou pourquoi le Vatican cultive le secret
C'est aujourd'hui la Journée internationale de la non-violence éducative, sans fessées ni punitions. J'admire la patience des parents qui, lorsque l'enfant fait monter les enchères, arrivent à maîtriser leur impatience. C'est à eux qu'on devrait offrir des Oscars et des Légions d'honneur! Et, si des adultes consentants veulent jouer au feu de la fessée, grand bien leur fasse. Par exemple, la mère au père: "Ton fils m'a tellement énervée aujourd'hui que c'est toi qui prendras une déculottée!" Le père: "Oh oui, chic alors!!!" L'épouse: "Si tu le prends sur ce ton, je te la donnerai pas."

Les éducateurs aussi sont concernés. À l'école primaire, l'institutrice nous soulevait par les cheveux derrière les oreilles. Essayez! Au collège, l'un des profs nous faisait avancer sur les genoux jusqu'au tableau noir où nous devions lécher la poussière de craie tombée par terre. Nous avions dix-onze ans... Les sévices subis dans certaines écoles et institutions catholiques étaient et sont beaucoup plus traumatisants.

Je me suis demandé pourquoi la hiérarchie de l'Église catholique -- qui se prétend héritière d'un message de justice -- a pu, tout au long de son histoire, tolérer et cacher tant de maltraitance envers les enfants. Alors qu'un si grand nombre de ses serviteurs ont rempli leur mission avec dévouement... On a émis de multiples raisons -- réputation, célibat, et cetera. Mais a-t-on souligné que l'Église fonctionne comme les autres entreprises, clans et équipes sportives qui rassemblent principalement des mecs? C'est une coexistence intime entre solidarité, compétitivité et hostilité: on se tient par les couilles. Je sais que tu as commis ceci, alors si tu tentes un sale coup, j'ouvre les vannes. Et on se les tord mutuellement de temps en temps pour rappeler le contrat. C'est ainsi qu'un curé abuseur devient évêque, parce qu'il en sait trop sur un curé maffieux. Et les serviteurs consciencieux ferment les yeux, au nom de la charité, de la peur (de perdre leur emploi, leurs amis) et de la certitude de n'être pas entendus.

Ulysse

mercredi 28 avril 2010

Témoignage: comment l'abus sexuel détruit un gars

-- Les conséquences peuvent mener au suicide
Jusqu'au milieu de l'été dernier, Fernando était considéré comme un type dynamique, talentueux, généreux avec tout le monde. Chacun l'admirait dans le petit groupe qui s'était formé autour de lui... Puis Fernando avait disparu. On savait qu'il allait passer des vacances avec l'un de ses fils venu de loin lui rendre visite. Mais on ne l'a plus revu ensuite... Lorsqu'il est réapparu cette semaine, on ne l'a pas reconnu tout de suite. Son entrain: disparu. Son regard franc: éteint. Même son élocution rapide -- les mots roulaient sur sa langue comme les cailloux dans un ruisseau à la fonte des neiges -- s'est tassée... Aussi inconcevable que cela puisse paraître, Fernando traverse une dépression. Comme beaucoup de types dans la quarantaine, il est entré en quarantaine -- oui, cet isolement de tous les dangers où l'homme se trouve face à lui-même, à son passé et à un avenir très hypothétique.

Après des vacances heureuses avec son fils, Fernando a senti une immense solitude l'envahir. Le souvenir des drames de son enfance a refait surface. Il avait huit ans lorsque la police a enlevé clandestinement sa mère et son père (et en a profité pour vider la maison de toute nourriture). Les parents enfermés dans un centre de détention secret -- peut-être torturés, il n'en a pas parlé --, une tante s'est occupée des enfants. Elle a abusé du garçon. Et lorsqu'elle dormait, des jeunes voisins venaient en faire de même. Telle était l'Argentine à la fin des années 1970. La mère de Fernando a passé trois mois au cachot. Le père presque deux ans.
Enfant forcé à pratiquer une fellation.
L'Église continue à mégoter sur l'ampleur de la faute.
Lorsque l'adolescent s'est préparé à devenir communiant, c'est le prêtre qui a abusé de lui, et d'autres garçons. Fernando a supplié ses parents de l'en dispenser; ils lui ont répondu qu'il inventait cette histoire pour se soustraire à son devoir religieux... De voir cet homme lumineux pencher aujourd'hui entre la vie et la mort, je souscris au terme de crime crapuleux pour qualifier l'abus sexuel d'un enfant.

Ulysse

lundi 26 avril 2010

Le corps, les vêtements et l'âme

-- On croit tout connaître de la personne
à côté de qui l'on dort

Les hommes qui vivent dans les pays musulmans -- où les femmes sont voilées de la tête aux pieds lorsqu'elles se rendent dans le domaine public -- prétendent qu'ils peuvent aussi bien les "déshabiller du regard" et imaginer les contours de leurs corps que ne le font les mecs en Occident. C'est, disent-ils, une question d'habitude... Et nous, nous pensons bien connaître la personne qui dort à côté de nous. Jusqu'au jour où nous nous rendons compte que nous nous étions trompés. Et rares sont les moments qui nous permettent d'en prendre conscience, écrit le critique littéraire et auteur américain Daniel Mendelsohn.

Avec Les Disparus (J'ai lu,
Prix Médicis du roman étranger 2007), Mendelsohn cherchait à résoudre l'énigme de la disparition d'un grand-oncle et de sa famille en Europe de l'Est, en 1941. Dans L'Étreinte fugitive (Flammarion, 2009) il raconte la vie qu'il partage entre le quartier de Chelsea, où il rencontre de beaux garçons, et la banlieue new-yorkaise où il exerce la fonction de figure paternelle auprès de l'enfant d'une amie. Il joue sur deux tableaux comme ici les photographies de ces gars vêtus-dévêtus. En y ajoutant un troisième volet dans lequel il analyse les riches contradictions qu'offrent ses textes littéraires préférés et les non-dits des familles.
Photos empruntées à Over Our Head,
blogue bilingue et "paradis du nu".


Dans Les Disparus, Mendelsohn mesurequel point on ne sait, au fond, rien des autres, y compris de ceux qu'on aime. Être emprisonné en soi, être dans l'impossibilité de vraiment connaître les autres, c'est à la fois la beauté et la cruauté de notre vie; de la compréhension poignante de ce fait, Proust en est le maître suprême." [Citation tirée du Magazine littéraire de ce mois.]

Ulysse

samedi 24 avril 2010

La transgression est un fort stimulant sexuel


-- Fin du silence pour les soldats gay aux USA
Le règlement "Don't ask, don't tell", signé par le président Clinton, interdit aux soldats américains lesbiennes et gay de révéler leur orientation sexuelle sous peine d'être renvoyés de l'armée pour manque à l'honneur (en perdant leurs droits et bénéfices). Le président Obama s'est prononcé en faveur de son abrogation, mais son administration n'est pas pressée.
Tank opérant avec silencieux.
C'est pourquoi quelques membres courageux du contingent continuent à manifester publiquement, comme ces trois hommes qui se sont enchaînés mardi à la barrière de la Maison-Blanche. Pour les arrêter, la police a dû employer des scies à métaux. Au préalable, elle avait éloigné les journalistes. Un passant a pu photographier la scène avec son portable.

L'abrogation du règlement va changer les habitudes des soldats cachés au fond du placard de l'armée. C'est un phénomène connu: lorsque les règles régissant les moeurs se relâchent, certains bénéficiaires regrettent les stratagèmes qu'ils avaient mis en place pour les transgresser. Cela donnait du piment à leurs parties de jambes en l'air que d'aller se cacher la nuit derrière un tank Abrams pour baiser, tout en sachant -- Ô frisson supplémentaire! -- qu'ils mettaient leur carrière en danger s'ils étaient surpris. L'officier de haut rang qui a relevé ce fait, sous le couvert de l'anonymat, a tout de même ajouté que la fin de "Don't ask, don't tell" apporterait un grand soulagement au personnel militaire gay.

Ulysse

mercredi 21 avril 2010

Homme encore jeune, bien sous tous rapports

-- "Donner une image plus moderne de l'Église."
"Image" seulement?
Avec son menton en cul d'ange, la veste sur l'épaule et un regard qui se veut direct, il est certainement la coqueluche de ces dames [peut-être aussi le coq de quelques messieurs] à Langres, petite ville de Champagne coincée entre ses remparts et riche d'une cathédrale, trois églises, une chapelle. Sauf que... Le père Timothée, 41 ans, est inconnu à la sacristie de Langres. Néanmoins, avec d'autres collègues jeunes et avenants, il apparaît dans la campagne "Et pourquoi pas moi?" lancée ces jours par l'Église catholique de France pour recruter des prêtres.

Susciter des vocations. Sans ambiguïté, mon tout beau?
"Je suis un homme
comme les autres", déclare l'abbé Timothée. [Allez, on ne va pas recommencer à bouffer du curé -- quoique, lui...] Je respecte le célibat de qui que ce soit, à condition qu'il ne soit pas imposé par une autorité extérieure. Je ne me sens pas jugé par une personne qui pratique la chasteté volontaire. J'accepte cette différence comme je demande qu'on admette mon orientation amoureuse. Les deux apportent un élément productif à la société. "Un peu de levain fait lever toute la pâte" [1 Cor. 5.7], même si son sperme et le mien ne participent pas à la surpopulation de la planète. La parole de l'apôtre Paul est valable pour lui, le croyant, comme pour moi, un mécréant à la recherche d'une vie harmonieuse et si possible utile.

"Le prêtre est un créateur de lien social qui puise sa joie
dans la rencontre des gens et le partage de leurs soucis."
Cela dit, "Timothée" qui témoigne "je suis prêtre", ou le beau "Frédéric" 33 ans, cheveux au vent, qui a "entendu et répondu à l'appel du Christ" n'ont jamais posé leur cul sur les bancs d'un séminaire; ils ont répondu à l'appel d'une agence de pub et se sont présentés au casting. Cette Église manque de vocations, elle manque de jugeote et d'honnêteté. Ce n'est pas parce qu'on est beau gosse qu'on va "se faire prêtre". L'appel passerait mieux par le témoignage non trafiqué d'un abbé réel, aussi moche et sympa soit-il.

Ulysse

lundi 19 avril 2010

Une nouvelle syntaxe entre l'amour et la liberté


-- Satisfaire aussi les aspirations secrètes
Repas d'anniversaire hier soir. Conversation avec un jeune homme (dont l'amie avait régalé les invités par un concert de musique contemporaine). Où se situent les mecs aujourd'hui, dès lors que les femmes ont prouvé qu'elles peuvent prendre leur place dans le monde politique ou économique -- pas seulement en tant que dactylographes et ouvrières -- tout en conservant, ou non, une part de leurs rôles traditionnels?
Les "nouveaux pères": un biberon
à la place du sexe? Dessins de Trevor Wayne.
La génération des trentenaires a du pain sur la planche. L'emploi. La mobilité professionnelle. Les politiciens dont il faut secouer le cocotier. L'économie mondiale. Une armée sans cerveaux ni avenir. L'écologie avec ses zélateurs et ses détracteurs... Et puis la vie privée. Une grammaire renouvelée pour le couple, une nouvelle syntaxe entre l'amour et la liberté. Par exemple, comment va-t-on gérer les aspirations -- jusqu'ici secrètes et "honteuses" -- de celui qui, tout en étant amoureux des femmes est aussi attiré sexuellement par des mâles? Et les amours/alliances du mec réellement bi? Comment concilier vie familiale et exploration sexuelle sans que l'épouse se sente délaissée, outragée? Ou, inversement, lorsqu'un type pacsé décide tout à coup d'explorer le pré d'en face...

Trevor Wayne, dessinateur, agitateur artistique, acteur et modèle:
c'est l'homme au tricycle en photo dans le billet précédent.

Nous sommes à la traîne des femmes. Mais les jeunes hommes cherchent à combler l'écart et à
construire avec elles cette plateforme de l'égalité des droits et devoirs -- dans la diversité des capacités. Bravo donc aux gars qui trouvent leur place auprès des enfants sans devenir nounou No2! Bravo aux mecs qui étudient l'art d'aimer pour affiner leurs caresses! Aux hommes qui discutent entre eux de leurs soucis! Bravo aux pères qui partagent sincèrement leurs expériences avec leurs fils!... Comme le constatait mon interlocuteur hier, les mâles ne sont plus l'unique source de gain du ménage, ne sont plus l'unique chef de famille. On peut remplacer leurs services sexuels par des toys, voire la banque du sperme... Ainsi, les hommes doivent-ils se façonner une nouvelle personnalité pour devenir différemment irremplaçables. C'est banal à dire. Certains le font.
Moitié nounou, moitié mari?
Ulysse

samedi 17 avril 2010

Sommes-nous tout le temps des bêtes de sexe?

-- Elle voit de l'homoérotisme partout (4, conclusion)
Agitateur artistique et dessinateur:
Trevor Wayne. Grossesse nerveuse?

Si après avoir lu trois bouquins sur le pseudocyesis -- la grossesse nerveuse -- je fais une conférence (moi dont aucun copain n'a fait de grossesse nerveuse récemment) et vous parle de désir d'enfant, tension dans les seins, mariolâtrie, féminisme et désir de virginité plus déification -- sans vous expliquer pourquoi j'étudie ce sujet ni donner mes sources: vous comprendrez le malaise que j'ai ressenti l'autre jour lors de la conférence sur l'homoérotisme dans la photographie contemporaine. Voyez: les notes précédentes et le commentaire de Jean-Michel sur l'ouvrage de Florence Tamagne "Mauvais genre, une histoire des représentations de l'homosexualité".

Elisabeth Ohlson Wallin, Le sermon sur la montagne:
"...car le royaume des cieux est à eux".
F.T. a étudié le
développement des idées et des mouvements homosexuels contemporains avec pertinence. Il semble en revanche que sur l'inventaire du nu masculin dans la peinture et la photographie, elle ne voit qu'une seule grille d'interprétation: l'homoérotisme. 1) Pourquoi préciser homo, alors qu'on ne le fait pas lorsqu'ils s'agit d'hétéroérotisme? Bien sur, je connais la réponse; elle est révélatrice d'une homophobie latente chez les gens qui se pensent tolérants. 2) Même si nous sommes tous de munificentes bêtes de sexe, nous les gay, nous avons aussi des penchants philosophiques, spirituels et une tendance à interroger la société qui nous vient de notre position d'observateurs extérieurs en même temps que d'acteurs intégrés.
Justin Thomas Clynes, modèle, acteur,
photographe: dans une pose érotique.
Donc: la nudité (le dépouillement pour mieux réfléchir et montrer) et le groupement de plusieurs hommes sur une même image ne représentent pas forcément une histoire de bites et d'orifices. C'est peut-être un questionnement sur Dieu, la religion, la vie, la mort, l'amour, la relation sexuée ou non aux femmes et aux hommes qui nous entourent, nous tolèrent ou nous soutiennent. Réflexion aussi sur qui veulent nous détruire en nous "guérissant" pour nous faire entrer dans le rang (destruction psychique) ou nous éliminer physiquement. Car pour certains, la solution finale est érotique. Homoérotique?

Ulysse

mercredi 14 avril 2010

Les étreintes mâles au stade, homosensuelles?

-- Elle voit de l'homoérotisme partout (3)
Les moeurs varient suivant les époques et les lieux. Il fut un temps où les modèles femmes n'avaient pas leur place dans les écoles d'art, fréquentées seulement par des étudiants mâles. On n'y rencontrait que des modèles hommes. Ce qui mettait en joie quelques élèves, alors que d'autres travaillaient avec application, mais sans passion. Une minorité pestait: ceux qui détestent le corps masculin, le leur en premier lieu. Personne n'aurait eu l'idée d'apposer l'étiquette d'homoérotisme sur ces travaux d'académie (représentation du corps nu), y compris sur les "doubles académies" qui mettaient en présence deux figures, par exemple de lutteurs.

Aujourd'hui,
les modèles d'académie sont en majorité des femmes. Quant au nu ou presque-nu masculin, il s'est fait une place dans la publicité. On assiste en même temps à des mouvements de pudeur mâle et de quasi-exhibitionnisme: le caleçon de bain descend jusqu'aux genoux, le maillot de cycliste révèle les contours précis des attributs.

David Beckham, footballeur donc hétéro, peut se permettre toutes les figures de l'homosensualité.
Et c'est au stade que se prennent le plus grand nombre de photos ou de séquences télévisées qui, dans un autre contexte avec d'autres acteurs (ou les mêmes??), seraient jugées déplacées, homoérotiques, "pornographiques". En même temps, le stade bouillonne d'une homophobie larvée lorsque les spectateurs gueulent "enculé!" pour marquer leur mépris envers le jeu d'un sportif. Alors qu'ils participent à la liesse de leur équipe lors des chaudes étreintes qui ponctuent un but... Outre l'enthousiasme d'avoir pénétré le camp adverse jusque dans ses derniers retranchements, je perçois dans ces enlacements une part de sensualité typiquement mâle qui se consomme sur le terrain et ne pourrait pas s'exprimer avec l'autre sexe. Votre opinion?

Ulysse

lundi 12 avril 2010

"Ecce homo": une formule ambiguë pour une idée claire

-- Elle voit de l'homoérotisme partout (2)
Une oeuvre d'art qui allume la majorité de la population est qualifiée d'érotique. Mais si elle met en scène des personnes de "l'autre bord", elle est taxée d'homoérotique. Homo-, dans ce sens, est un préfixe restrictif. Je l'ai ressenti ainsi lors de la conférence mentionnée dans la note de samedi, "Jésus, figure de l'homosexualité?".

Les photos de la Suédoise Elisabeth Ohlson Wallin ont aussi été qualifiées d'homoérotiques. Voyez Yohanan (Jean) l'annonciateur baptisant Jésus. En se soumettant nu -- comme les autres candidats -- à ce rite dans le Jourdain, le messie manifestait son humanité et prenait le relais de Je
an-Baptiste en tant que prédicateur. Notez que le Jésus nordique n'est pas plus circoncis que le David de Michel-Ange.

Voyez ce repas pascal réunissant des travestis autour d
'un messie qui s'accorde à la situation en portant des talons hauts. L'évangile de Jean rapporte que le maître avait lavé les pieds de ses disciples avant le repas -- geste d'accueil, acte d'initiation à leur mission future. La reconstitution de cette scène biblique est conforme à celles qui, au cours des siècles, représentent les personnages dans des vêtements et des décors d'époque. Elle souligne un trait essentiel du Christ: il fréquentait principalement les êtres que la société méprise. [A Pâques, le pape Béniouioui lave aussi les petons de quelques indigents, puis rejoint sa cour de drag queens pour un gueuleton d'enfer.]

Présentant Jésus à la foule, Ponce Pilate aurait dit: "Ecce homo" (Voici l'homme), titre adopté par Le Caravage, Le Tintoret, Bosch, beaucoup d'autres et maintenant Elisabeth Ohlson Wallin -- qui se déclare lesbienne -- pour sa série de photos. De la mise en scène ci-contre, je retiens deux idées. Le crucifié appartient à tous: il est Africain; il est Îsâ, prophète de l'islam; il est juif; il est Fils du Dieu des chrétiens; il est membre de la queer nation et connaît le sida. Au compagnon qui l'entoure et le pleure durant son agonie, il déclare: "Tu es de ceux qui sont demeurés avec moi dans mes épreuves, [...] tu mangeras et boiras à ma table en mon royaume," Luc 22.28.

Ulysse

samedi 10 avril 2010

Jésus, figure de l'homosexualité?

-- Elle voit de l'homoérotisme partout (1)
Hier soir dans une galerie d'art de Vevey, ruelle des Anciens-Fossés, une jeune assistante au Centre des sciences historiques de la culture à l'Uni de Lausanne donnait une conférence intitulée "Saint Sébastien et Jésus, deux figures de l'homosexualité", analysant quelques exemples pris dans la photographie contemporaine. Je m'arrête à l'évocation du repas (ci-dessous à droite), une reconstitution de l'Israélien Adi Nes. La conférencière l'a doctement présentée comme "homoérotique", ce que j'ai réfuté à la fin de l'exposé.
Composées comme des tableaux,
ces deux photos d'Adi Nes
se présentent "sans titre"
dans une série
intitulée Soldats.









U
ne can
tine militaire de campagne, quatorze soldats attablés. Léonard de Vinci a représenté treize convives dont la plupart ont le visage tourné vers le personnage central. Sur la photo israélienne, ce dernier est isolé. Les autres gars discutent et je ne vois aucune manoeuvre de drague dans ce repas -- le dernier peut-être pour l'un d'entre eux, qui peut mourir au combat, ou même dans l'explosion d'un bus... La force de cette reconstitution? Elle reproduit l'événement fondateur d'une autre tradition religieuse; et il s'est déroulé dans ce pays même. La tristesse du jeune homme, ignoré au milieu de la tablée, vient du bilan qu'il établit après 2000 ans d'une mission qui aurait pu être pacifique. Le peuple de sa chair a traversé la tourmente, puis il est devenu envahisseur. Le peuple de ses disciples a mille fois trahi son message à travers le monde. Néanmoins, l'espoir survit: selon la numérologie de la Kabbale, le chiffre 14 évoque ce qui est caché dans les profondeurs et finit par jaillir verticalement hors de l'eau, comme un poisson -- le signe du jeune homme.

La photo de gauche -- un soldat blessé (ou mort) soutenu par son camarade -- a aussi été jugée "homoérotique" parce que le personnage assis tient un pinceau de maquillage et dispose d'une palette de fards. ("Mon chou! plutôt mourir que d'aller à la guerre sans ma trousse de beauté...") Moi, vieille pédale de passé 70 printemps, je ne décrypte pas la même chose que la doctorante en histoire de l'art contemporain. Le photographe Adi Nes a été soldat. Il vit dans un pays où les vieux ont connu d'autres guerres. Et il me dit: on peut toujours essayer de maquiller les blessures...

Je n'en ai pas fini avec la complexité de l'oeuvre d'Adi Nes -- père de famille et gay -- sa manière d'étudier l'identité masculine, la fraternité, la sensualité, l'érotisme et la mort. La docte doctorante me l'a fait rencontrer, je l'en remercie.

Ulysse

mardi 6 avril 2010

Un partenariat à 60'000 dollars



Je regarde les photos de ces deux petits gars. Ils viennent de signer les papiers de leur partenariat civil à la mairie londonienne d'Old Marylebone. James est soldat de première classe, 23 ans, déjà médaillé en Irak. Thom, 21 ans, est steward à bord des avions de Virgin. Démontrant son ouverture [elle ne peut plus se permettre d'exclure les volontaires gay], l'armée a prêté ses locaux pour la réception qui a suivi la signature. Après sa lune de miel à San Francisco, le couple disposera d'un logement dans le quartier des soldats mariés!

Je regarde avec émotion ces deux petits gars s'embrasser devant les membres de leurs familles qui essuient une larme et devant les collègues du Régiment de cavalerie de la Reine. Lorsque j'ai commencé à mil
iter dans les rangs du mouvement homo, au début des années 1970, qui aurait imaginé la possibilité d'une union avec son amoureux, d'une signature à la mairie, d'une verrée en présence de la famille et au milieu de soldats dont le niveau de plaisanteries, selon James, n'a pas dépassé l'usuel, le supportable pour tout soldat qui se passe la corde au cou?

Photos: David Sandison, The Independent.
Dans une étude américaine bien quantifiée, il apparaît que d'appartenir à un groupe uni qui se réunit au moins une fois pas mois, apporte à chaque individu autant de bonheur que s'il doublait ses revenus. Une autre étude en cours calcule que le gain psychologique qu'apporte un mariage heureux équivaudrait à plus de 100'000 dollars par an. [Les salaires américains sont inférieurs aux salaires suisses, alors imaginez... deux fois $ 100'000: plus besoin de travailler! Lol...] J'en conclus qu'un partenariat civil rapporte au moins une augmentation de $ 60'000 par an. Pourquoi priver les couples de même sexe des $ 40'000 manquants? Alors que le "mariage gay" ne coûterait pas un kopek de plus à l´État, ni à vos voisins fondamentalistes protestants, ni au Vatican qui aura besoin de tous ses trésors pour payer les nouveaux procès et les dommages qui vont lui tomber dessus?

Ulysse

samedi 3 avril 2010

Jésus et le Pilleur de tombe (Tomb Raider)


D
ans son blogue 27b/6, "site qui peut contenir des désinformations personnelles", l'Australien David Thorne publie ses échanges de courriels avec des victimes involontaires.
Par exemple avec Darryl, l'aumônier scolaire de son fils Seb qui invitait les enfants à un spectacle pascal la semaine dernière. Extraits, légèrement remaniés:

-- Cher Darryl, [...] Vous supposez que je suis sans religion. C'est faux car j'hésite actuellement entre deux d'entre elles. D'un côté, la promesse de vie éternelle de votre dieu est convaincante; mais le dieu de la boue Pikkiwoki, en Nouvelle-Guinée, offre un cochon et autant de noix de coco qu'on peut emporter...
-- Hello David, Ce serait dommage que Seb rate le message d'espoir qu'apporte l'histoire de la résurrection.
"L'ange du Seigneur descendit du ciel,
s'approcha du sépulcre et roula la pierre."
-- Cher Darryl, Je saisis l'importance de la résurrection dans votre foi. Si je connaissais un mec qui avait été tué et placé dans une caverne fermée par une pierre et que je m'y rendais pour trouver la pierre roulée et le corps disparu, la seule conclusion logique serait qu'il est ressuscité des morts et fils de dieu. Mon ami Simon avait été emmené d'urgence à l'hôpital pour une appendicite. Je suis allé lui rendre visite le lendemain et son lit était vide. J'ai immédiatement sacrifié une chèvre et brûlé une sorcière en son nom; mais il avait juste eu besoin de chier un bon coup et se trouvait à la maison en train de jouer avec sa Play Station.
A l'époque, quelqu'un aurait dû se dire: la pierre est déplacée et il est parti; a-t-on vérifié s'il était à la maison? Je sais que la Play Station n'existait pas encore, mais ils avaient un équivalent. Donc, ils auraient dû se demander si Jésus jouait à la maison. Sinon, on pouvait en conclure qu'il était le fils de dieu.
Mais si nous acceptons que Jésus était le fils d'un Être infini et omnipotent, il devait posséder une Play Station dernier modèle. Je suis bien obligé d'acheter tous les nouveaux gadgets à mes gosses. Dieu lui aurait probablement dit: "J'avais l'intention d'attendre 2000 ans avant de te l'offrir, mais puisque tu as été sage... Je te demande de ne rien dire à ta mère sur le Pilleur de tombe: Lara Croft et le Gardien de la lumière qui paraîtra, pour les autres, en juillet 2010."

Ulysse

jeudi 1 avril 2010

Fuck you Nescafé -- et bon anniversaire!


Le café soluble Nescafé, fabriqué à Orbe au pied du Jura vaudois, est apparu sur le marché le 1er avril 1938 -- ce n'est pas un canular! Recette: grain torréfié, moulu, mouillé à chaud puis déshydraté; on y ajoute des hydrates de carbone pour faciliter le séchage. Or, comme la probité et Nestlé font deux, cette adjonction n'est pas mentionnée sur l'étiquette qui porte, si je me souviens bien, "extrait d
e café pur". L'entourloupe (probablement légale à l'époque) est découverte quelques années plus tard. Le jeune garçon que je suis alors apprend une leçon: ne pas faire confiance avant vérification. Comme je n'appréciais pas non plus les vignettes glissées dans les plaques de chocolat -- trop petites, preuve de pingrerie -- je me suis pris à détester cette entreprise suisse que tout le monde admirait.
-- N'est-ce Presso?
-- What else?
A la même époque, j'ai perdu une autre illusion en découvrant que la première épouse de mon père avait tué leurs deux enfants en se donnant la mort. A qui peut-on faire confiance? Quelques années plus tard, mes parents ont été excommuniés de leur communauté religieuse. Ils entretenaient des relations amicales avec les membres d'autres Églises. Abus de pouvoir, encore une fois.

Les seins de maman c'est pour papa,
le biberon pour bébé.

Mon lien affectif avec la marque ne s'est pas rétabli lorsqu'on a appris qu'elle incitait les mères africaines à donner le biberon plutôt que le sein... Aujourd'hui, Nestlé possède 8000 marques déclinées en 120'000 produits à travers la planète. Le président du Conseil d'administration est, comme le gouverneur de Californie, un Autrichien knödel-choucroute-rôti de porc parti de rien, arrivé au sommet à force de témérité et d'habileté. Ses mantras: le bio c'est du luxe, le génie génétique une nécessité, l'eau de source doit être privatisée. Le mois dernier, Nestlé s'est fait ramasser par une campagne de Greenpeace au sujet de ses fournisseurs d'huile de palme qui détruisent la forêt indonésienne. La réaction de la multi suisse a été méprisante, sentencieuse et sans humour. Comme si personne n'avait tiré la leçon de l'échec d'UBS ou de Toyota en matière d'anticipation. Faute de cultiver une éthique.

Ulysse