vendredi 14 mai 2010

La poésie c'est pas la barbe. Et la barbe, frime ou poésie?

-- Du coq à l'âne: littérature et genre à Soleure
Aujourd'hui, début des Journées littéraires de Soleure qui ont lieu chaque année à l'Ascension. C'est vrai que les livres -- ceux qui nous parlent à l'oreille et au coeur -- nous procurent une ascension magique jusqu'au monde de tous les possible(s). Je leur dois mon acceptation sans hésitation de l'amour des hommes, même si la société de l'époque (années 50-60) nous rejetait. Ces livres ne venaient pas de France. Pensez à André Gide, immature en ce domaine; pensez à Roger Peyrefitte, prototype de la tante malfaisante... Heureusement, il y avait des auteurs anglo-américains, prophétiques, combatifs, virils. Je reviendrai sur le sujet dimanche, avec Simon Froehling, jeune auteur suisse présent à Soleure.
Hula hoop en Nouvelle-Guinée.
La toile fait partie des interrogations que se pose le monde des lettres. Parmi les avant-gardistes, deux jeunes Allemandes publient la revue de critique littéraire ReLü uniquement en ligne. Et l'intrépide Florence Trocmé a présenté aujourd'hui son site Poezibao, journal permanent de la poésie qui enchante les amateurs, privés qu'ils sont d'échos dans les médias. Si la poésie vous paraît difficile d'accès, peut-être vous faudrait-il l'écouter avant de la lire. C'est mon cas: mes oreilles se régalent lorsque la poésie passe par le gueuloir d'un comédien ou d'un auteur, alors que mes yeux sont plus paresseux. Avec son site, Florence Trocmé se veut passeur, dit-elle, de cet art solitaire. Pourquoi pas passerelle? lui ai-je demandé, pour réagir à ce monde rétrograde où les femmes se font appeler Madame le Ministre...
La pharaonne
Hatsepsout.

Il y a plus de trois mille cinq cents ans, la pharaonne Hatshepsout, figure exceptionnelle du pouvoir, se faisait statufier avec les attributs de son rang dont une barbiche postiche, attachée derrière les oreilles, qui symbolisait sa puissance et son affiliation divine. Le masculin -- donc le poil -- a toujours été proche du divin puisqu'il l'a inventé. Mais notre époque se distancie du religieux. Est-ce pour cela que les mâles occidentaux s'épilent de partout? Tandis que les barbes opaques ne sont plus associées à la sagesse, mais à l'intégrisme (juif ou musulman) et à l'intransigeance imbécile des fondamentalistes évangéliques.

Ben Cohen, international de rugby à XV
hétéroflexible: autant de largeur d'esprit que d'épaules.
L'histoire et la mode ont codifié tour à tour le port ou l'absence de la barbe. Les femmes n'ont plus besoin de poils au menton (ou ailleurs) pour empoigner leur part d'autorité. Lorsqu'on cessera de dire d'une politicienne exceptionnelle qu'elle a des couilles (parce qu'elle évite la langue de bois), lorsqu'on aura trouvé d'autres mots pour qualifier la ténacité, le courage, on aura fait un pas vers la reconnaissance de la valeur de chaque genre. Alors, la barbe ne sera plus le signe de la domination, mais un art corporel -- piquant et changeant.

Ulysse

1 commentaire:

Lang a dit…

Ma barbe, c'est comme la poésie, elle pousse en trois jours et ne va pas plus loin.