lundi 28 septembre 2009

Les mecs: pas plus agressifs que... les nanas!


Le mâle de l'espèce humaine vient d'entrer dans un siècle de domination féminine croissante et de renversement des valeurs. Pourtant, il n'en a pas encore pris la mesure. Et les femmes non plus! Jeudi dernier, dans son émission hebdomadaire sur 3Sat, Gert Scobel essayait de définir ce changement avec trois invités. Le débat était un peu poussif, à mon gré, peut-être parce que nous manquons d'études précises sur le sujet.
Titus, célèbre gorille à dos argenté, est mort
de vieillesse à l'âge de 35 ans, le 14 septembre dernier
au Parc national des Volcans, Rwanda. (Photo Afp.)
Exemple. Comment définir l'homme, le mâle? [La langue française est encore incapable de distinguer l'homme=être-humain dans sa globalité de l'homme=mâle-de-l'espèce par des termes plus précis: voyez l'indigence de notre langue et de nos penseurs!] Donc, un mec c'est quoi? On vous répondra: tout ce qui ne s'identifie pas au féminin (et aussi, sous-entendu, à l'homosexualité). Il se profile par l'esprit (culture) alors que la femme est plus proche de l'instinct (nature). Il produit et bâtit; elle consomme. Il protège, domine, conquiert et tue; elle donne vie, nourrit et élève et soigne. On connaît la chanson... Heureusement, l'homme s'affirme aussi dans son contraire. Il est excellent cuisinier, 3 étoiles ou dans une cantine scolaire. Il est infirmier. Très utile jardinier d'enfants (surtout pour ceux auxquels manque un père). Et ainsi de suite.

Privé d'un titre à l'US Open. (Photo Reuters.)
On prétend généralement que l'agressivité et la violence appartiennent au genre masculin. La preuve statistique: plus de 80% des attaques contre les personnes ou les biens sont commises par des hommes. A l'Université de Magdebourg, une étude sur ce phénomène a pourtant révélé que l'agressivité des femmes est égale à celle des hommes. Mais elle s'exprime différemment (ce que constatent la plupart des maris et des frères). "Nous n'avons pas trouvé de différence entre le potentiel d'agressivité féminin ou masculin," déclare la chercheuse Sylvia Richter. Mais les structures patriarcales ont encouragé l'homme à conquérir et dominer par la force; et la société tolère bien la violence mâle, elle l'encourage et l'impose dans certaines situations. Tandis qu'elle a forcé les femmes à régler les conflits par d'autres moyens. Mais tout change...
Lui: l'arbitre des élégances florentin Stefano Tronchi, style editor de T,
supplément du New York Times, un magazine
dirigé, dit-on,
par la mafia gay. Pourtant il porte aussi un pantalon. (Photo: The Sartorialist.)

Ulysse

jeudi 24 septembre 2009

Sites de rencontres (2): la cause des échecs

°°°

S
amedi dernier,
j'ai présenté le jeu de massacre auquel se prêtent les animateurs du blogue Lurid Digs [effroyables planques] sur des photos piquées dans des sites de rencontres. Les candidats s'y présentent sous leur meilleur jour possible, pensent-ils. Néanmoins, le coup d'oeil sur leur intérieur influe autant le choix des prétendants -- même insconsciemment -- que l'exposition de leur personne dénudée. Ainsi, l'accoutrement cuir et chaînes du collectionneur de canards donne l'impression d'un petit garçon qui tâtonne autour d'une certaine idée de la virilité, sans rompre avec son enfance. Les coin-coins à la salle de bain: aussi sexy qu'un tueur à gage qui pisserait encore au lit... La sainte bible sur l'oreiller, c'est une bonne lecture avant de s'endormir; mais d'autres gars ne caressent pas forcément le fantasme de s'envoyer en l'air dans pareil voisinage, malgré les taches fauves de la couverture... Je vous laisse apprécier la petite culotte en dentelle du bonhomme aux tétons pincés. Mais captez la richesse du décor!

Ces types sont des êtres humains comme moi. Les rejeter (ma réaction première), les piétiner c'est me mépriser moi-même. Alors, en quoi est-ce que leurs faiblesses me gênent et me concernent? D'abord: j'ai perdu la fraîcheur de la jeunesse depuis longtemps; je la regrette et je l'accepte. Ensuite: derrière la plupart des quêtes d'ordre sexuel, il y a une demande d'amitié si possible et de tendresse, d'amour peut-être. Enfin: je me sens concerné par les objets qui envahissent mon appartement parce qu'ils "pourraient encore servir". Vêtements, bouquins, bibelots, outils, machines, documents (des mètres cubes de sédiments propres à mon ancien métier: coupures de journaux, photos, manuscrits, cassettes). J'ai commencé il y a quelques années à les évacuer, jeter, donner, mais les plus "précieux" se collent encore à mes basques...

Je sais
maintenant d'expérience que le désencombrement génère l'allègement en même temps que des forces retrouvées et des amitiés, peut-être. Et de nouveaux investissements: soit dans une activité, soit dans... des achats! Mais mieux concertés, j'en suis persuadé.

Ulysse

lundi 21 septembre 2009

Une soirée au lupanar


A Lausanne, si vous suivez le chemin des pélerins de Compostelle, vous passez devant le temple de Saint-François, derrière le Palace and Spa où crèchent les arsouilles du CIO, puis vous longez l'allée Ernest-Ansermet jusqu'à la Cinémathèque suisse. Ensuite, vous dépassez l'allée Igor-Stravinsky et amorcez la descente sur l'avenue de Tivoli. Là, vous ne pouvez pas manquer mon lupanar préféré. Il se nomme le Pink Beach; pink en allusion à la période de mon enfance où les homosexuels qu'on embarquait vers les camps d'extermination portaient une étoile rose. C'était dans un pays voisin.
La rencontre: Prelude to a Kiss (2006).
Attablés hier au bar du Pink (heureux de nous être rencontrés et sans crainte de descente de police), mon compagnon de la soirée et moi lisions la liste des en-cas affichée au mur. Elle est entourée d'écrans sur lesquels gigotent de jeunes messieurs qui se croquent les oignons et se pistonnent le jambon sans discontinuer -- des Ken épilés, mécaniques comme les lapins Duracell. "De la tarte ou un croque-monsieur?"

Je m'étonnais de la diffusion des pornos jusque dans le hammam de l'établissement (mais la vapeur confère du mystère aux ébats!) alors que les mecs présents en chair et en os suffisent à alimenter la fièvre (passé 150 hommes en même temps les jours d'affluence, la plupart beaux et virils). Mon compagnon a répondu: nihil novi sub sole, rien de nouveau sous le soleil! Au temps des Romains également, les fresques dans le corridor du lupanar de Pompéi servaient d'instruction sexuelle aux jeunes gens et c'était aussi le catalogue des prestations. Là, mon lupanar préféré (le plus grand de Suisse) diffère de celui qui a été enseveli sous les laves du Vésuve. Le Pink fonctionne selon le principe du pique-nique canadien; l'écot payé à l'entrée couvre les frais de fonctionnement. Il n'y a pas de travailleurs sexuels: aux clients de bosser dur!

Pour illustrer ce sujet, j'aurais pu choisir la reproduction des fresques du
Viccolo Storto à Pompéi. Mais les toiles de Troy K. Caperton [voyez Google], moins artistiques peut-être, cernent de plus près le climat du Pink. Né en 1949, deux fils, trois compagnons successifs, Caperton est passionné d'histoire de l'antiquité, très impliqué dans le social, membre d'une chorale masculine à Austin, Texas. Il a mis en scène ses Compagnons gladiateurs (huile, 2007) "dans leurs cantonnement sombre et humide sous l'école des arts sanguinaires. A travers l'histoire de l'humanité, il y a toujours eu des hommes qui, pour une raison ou l'autre, ont préféré l'érotisme particulier qui se développe entre mâles. Ma toile tente de capter cette fabuleuse énergie."

Gladiator Companions (2007).

Ulysse

samedi 19 septembre 2009

Sites de rencontres (1): qui propose, s'expose


L
e célibat n'a jamais paru aussi désespérant. Dans leur blogue Lurid Digs (effroyables planques ou crèches à chier), cinq beaux mecs privilégiés et une nana espiègle passent au tourniquet les intérieurs de gars qui ont publié leur photo sur un site de rencontre. Ils ne présentent que des "horrifying gay amateur interiors"... Travaillant dans la culture pop, chargés de chroniques de réflexion sur la société et ses sexualités, ou
diffuseurs de porno "de qualité", elle et ils se retrouvent de cas en cas sur la toile pour commenter les photos choisies et énoncer des jugements vaches et définitifs. Soyons (un peu) garces avec eux...

C'est la saison de la chasse. Pourtant, l'instinct de tueur n'empêche pa
s de cultiver aussi la part mystique de l'être (ou du néant). Les bougies verte et rouge peuvent être à mises à profit de différentes manières. S'il était chinois, le gars moudrait les cornes pour en tirer un aphrodisiaque.

Tout dans la c
uisine souligne la nature sauvage et virile de l'occupant. Cependant deux dangers le menacent: 1) qu'il se trompe de vibro-masseur, 2) que la planche en contreplaqué (à g.) qui soutient les armoires suspendues ne se brise sous leur poids. Notez la teinte verdâtre du décor, habilement rehaussée par la lumière glauque des tubes fluorescents. Chaque détail est couillu dans ce lieu de vie et envoie subtilement le message qu'aucune femme, jamais, n'y a mis les pieds. Les boîtes grosses portions et l'occupation totale des surfaces de travail révèlent que la bouffe passe directement de l'emballage à l'écuelle, avec un détour par le micro-ondes si nécessaire. La part féminine indispensable se loge dans le rideau.

Le fils à sa maman vient de lui téléphoner qu'il n'a plus rien à se m
ettre, qu'elle veuille bien passer apporter le linge repassé et emporter le sale. Même s'il se voit en homo erectus sans femme ni enfants, libre de ses choix et mouvements, le mec célibataire ou divorcé d'aujourd'hui vit en cage (barreaux à la fenêtre, rideaux sombres) et s'adonne à l'auto-flagellation (fouet de crin) comme le reste du monde. Devant pareil bordel, celui qui répond à l'annonce ne pense qu'à une chose pour éviter la déprime: se cacher la tête où on le lui propose si rondement.

Un sénior bien planté dans son décor s'expose, lui plein d'allant, au milieu des reliques de son existence. Sous le fauteuil, dans la boîte Tupperware (lavable en machine à laver), les lingettes humides attendent, prêtes à l'action. Dieu fasse qu'elles n'aient pas le temps de vieillir!

Ulysse

mercredi 16 septembre 2009

Orgies en public pour faire pousser les bananes


U
n article paru vendredi dernier dans le Papua New Guinea Post-Courier rapporte qu'un nouveau culte voué à la croissance de la banane,
dans lequel les fidèles s'adonnent à des relations sexuelles en public, a été dénoncé dans la province de Morobe en Nouvelle-Guinée. Un villageois du hameau de Yamine (30 habitants) a promis à ses disciples que les bananiers produiraient dix fois plus de fruits chaque fois qu'ils niqueraient en plein air. Et les récalcitrants ont été menacés de violences s'ils ne participaient pas à l'office religieux. Le président de la cour du hameau qui se rebiffait a été enfermé. Il a pu fuir de nuit jusqu'à la prochaine bourgade (une marche de 12 heures) où on lui a promis des renforts policiers pour enquêter sur le scandale et arrêter le chef de la communauté. Des employés de la mine voisine se sont également plaints d'avoir vu passer des gens dans le plus simple appareil qui n'étaient nullement embarrassés par leur nudité.

Il n'y a pas longtemps, les habitants de cette région vaquaient encore à leurs occupations dans leur tenue traditionnelle: une ample jupe d'herbe pour les femmes, un fier étui pénien pour les hommes..
. Mais la civilisation leur a apporté ses bienfaits, avec le protestantisme luthérien en prime. L'instigateur de ce culte aurait déclaré à ses coreligionnaires qu'il fallait bien se débrouiller pour faire rentrer un peu d'argent par de meilleures récoltes puisque les autorités de la région les avaient complètement oubliés.

L'office religieux.
Cette liturgie du cul pour faire pousser les régimes de bananes (oh fantasmes!) rappelle les cultes du cargo qui étaient pratiqués dans la région (et dans presque toute la Mélanésie) au siècle dernier. Les habitants avaient observé les radio-opérateurs des troupes occupantes. Il leur suffisait, semblait-il, de passer commande
à leur micro pour que les vivres et médicaments arrivent par bateau ou avion. C'est ainsi que les Papous se mirent à construire des imitations de postes émetteurs, d'avions ou de pistes d'atterrissage avec les matériaux locaux, et à prier les dieux d'exaucer leur voeux et d'envoyer le matériel par cargo. Ils ne pouvaient pas imaginer tout le système économique qui se cachait derrière les arrivages puisqu'ils ne voyaient jamais les soldats, les fonctionnaires ou les missionnaires étrangers travailler à la fabrication des produits.
Le gourou avait des papous dans la tête.
Aujourd'hui, les cultes du cargo évoluent. Les plus maîtrisés s'apparentent aux mouvements sociaux de résistance contre les influences étrangères... On peut rire, si l'on veut, du gourou aux bananes. Mais "l'Église" de Scientologie avec ses vedettes de cinéma [qui, dit-on, ne pourraient pas la quitter étant donné les dossiers qu'elle détient sur leurs moeurs privées]; mais les exorcistes qui vendent une psychanalyse complète en une séance; mais les Baptistes qui prétendent "guérir" les homosexuels de leur orientation bien ancrée; mais les Islamistes qui vendent 72 vierges au Paradis à ceux qui se font péter la cervelle dans une attaque-suicide; mais les spéculateurs qui confient leur fortune à Bernard Madoff, ancien maître nageur à Long Island, contre une promesse de 17% de profit annuel...

Ulysse

lundi 14 septembre 2009

Un homme au singulier


°°°

Jim et George.
Tom Ford, ex-styliste de mode, a remporté deux prix à la Mostra de Venise avec son premier long métrage A Single Man. La coupe Volpi du meilleur acteur va à son interprète Colin Firth et le Queer Lion a été attribué au film par un jury homosexuel. Grâce à ces distinctions, on peut espérer qu'il sera distribué dans les pays francophones. Tirée du roman éponyme de Christopher Isherwood [en français: Un Homme au singulier, poche Points Seuil, épuisé, la sortie du film entraînera peut-être une reparution], l'histoire raconte 24 heures de la vie d'un prof (George) confronté à la solitude après l'accident mortel de son compagnon (Jim). L'action se déroule dans le sud de la Californie, au début des années 1960.
Le peintre Don Bachardy avait 18 ans et Isherwood 49 lorsqu'ils se sont rencontrés; seule la mort de l'écrivain les a séparés. -- Peinture de David Hockney (1968).
Même si son nom ne vous dit rien, vous connaissez Christopher Isherwood car vous avez vu Cabaret, le film de Bob Fosse avec Liza Minnelli (la chanteuse américaine Sally Bowles) et Michael York (le jeune écrivain anglais Brian Roberts qui navigue à voile et à vapeur dans le Berlin nazi d'avant-guerre). Précédant ce succès (1972), Cabaret avait été une pièce de théâtre [je l'ai vue à New York], inspirée d'un film intitulé I Am a Camera (1955), tiré du roman d'Isherwood Goodbye to Berlin. La bisexualité du jeune auteur anglais n'était pas évoquée dans le roman -- pourtant très autobiographique -- ni dans le premier film ou la version théâtrale. Isherwood s'est dévoilé ultérieurement, les scénaristes du musical en ont profité pour mieux décrire l'ambiance décadente et menaçante de l'époque.

Les poètes W.H. Auden et Stephen Spender
avec Isherwood à Fire Island (1947).

Né en Grande-Br
etagne (1902-86), Christopher Isherwood a quitté son pays en 1928 et a longtemps voyagé en Europe (et en Chine, je crois) avec le grand poète W.H. Auden; il a passé quatre ans dans la république de Weimar, a émigré aux Etats-Unis au début de la guerre, est finalement devenu citoyen américain. Il a publié plus de vingt livres, des traductions, des pièces de théâtre, a travaillé à Hollywwod. A Single Man était son livre préféré, le mien aussi. Il est tombé entre mes pattes au milieu des années 1960 et a marqué un tournant dans ma vie. Je lisais enfin un texte qui traitait de la vie d'un homosexuel sans s'attarder sur les problèmes -- sinon pour en rire avec un humour ravageur. Comme l'a relevé Tom Ford à Venise, il embrasse des thèmes plus larges, comme l'amour et la solitude. Pince-sans-rire, pris de folie et parfois de tristesse, ce roman se coule dans la vie de George avec virtuosité. Je l'ai relu dimanche. C'était un texte prophétique pour nous qui allions perdre nos compagnons les plus magnifiques, deux décennies plus tard.

Ulysse

samedi 12 septembre 2009

A la frontière entre deux pays


C
es trois derniers jours, j'ai suivi un pote en marchant le long d'une rivière à la frontière entre deux pays. Appelons-le Charles; il est vaillant, proche des 80 ans; je le vois deux à trois fois par an. Sur des sentiers escarpés et caillouteux; ou dans une exposition d'art où son oeil affûté, sa vision souvent opposée à la mienne font merveille.


J'admire Charles pour sa capacité à rebondir et faire évoluer sa carrière. Il a commencé dans l'entreprise familiale, puis s'en est détaché pour devenir indépendant. Après
un échec, il a travaillé d'arrache-pied dans une autre profession pour retrouver son assiette financière. Jusqu'à ce qu'il trouve l'emploi idéal qui lui a permis de déployer ses ailes dans une structure qui lui assurait indépendance, contact avec beaucoup de personnes en même temps que sécurité. En gérant bien ses affaires et ses investissements, Charles a acquis le confort matériel.

Fils d'un père travailleur, dépressif et pilier de bistrot, Charles s'est fait lui-même, avec le soutien des femmes. Son éducation sexuelle, comme le reste. Après avoir été le chéri de ces dames, Charles s'est rangé, a été fidèle à son épouse malgré les occasions... Puis est venu le temps de la disette au plumard. Il avait le choix: retrouver des aventures féminines avec talent et goût, ou explorer l'autre filon que lui offrait son tempérament. Ce qu'il a fait en rencontrant des hommes, jeunes ou moins jeunes. Il a choisi non pas la facilité, mais la simplicité. Une mec attiré par un autre mec, pas besoin de le régaler au restaurant, de l'accompagner au cinoche, de lui offrir des bouquets et que sais-je encore, pour le convaincre. On se plaît, on le fait. Quitte à se parler après. Pour les uns, c'est fugace; avec d'autres c'est durable et affectueux. Et puis, l'épouse ne ressent pas l'inquiétude qu'éveillerait l'existence d'une rivale, une maîtresse cherchant à grignoter du conjugal...

Ce qui m'énerve dans le cas de Charles et d'autres hommes qui ont choisi de vivre leur bisexualité ou ont carrément viré leur cuti autour de la cinquantaine (ils sont nombreux et discrets), c'est que cela ne leur a causé aucun tourment d'identité sexuelle. Les petits gars qui sortent du placard à la fin de l'adolescence, ils en bavent à sonder leur âme, envisager l'avenir et affronter l'entourage! Les cinquantenaires, pas du tout. En plus, ils savourent le meilleur de deux mondes... C'est vache!

Ulysse

mercredi 9 septembre 2009

Des pères fiers de leurs fils qui ont bien réussi


Q
uatre potes qui ne s'étaient plus vus depuis trente ans se retrouvent par hasard au cours d'une soirée. Après quelques verres, l'un d'entre eux va pisser. Les trois autres parlent de leurs enfants.

Le premier raconte: "Je suis très fier de mon fils. Après avoir fait HEC, il a été engagé dans une grande boîte. Il a commencé au bas de l'échelle mais a gravi rapidement tous les échelons. Maintenant, c'est le patron. Il se fait tellement de thune qu'il a offert une Mercedes haut de gamme à une de ses connaissances! C'était juste un cadeau d'anniversaire."

Le deuxième pote renchérit: "C'est génial! Mon fils aussi a très bien réussi. Il a débuté dans une compagnie d'aviation, puis il a suivi des cours pour devenir pilote. Après un certain temps, il a été nommé directeur associé de la compagnie et il possède maintenant la majorité des actions. Il est tellement plein aux as qu'il a donné un petit jet privé comme cadeau d'anniversaire à quelqu'un qu'il aime. J'espère qu'il va bientôt nous la présenter à ma femme et moi."

Le troisième enchaîne: "Bravo les gars! Moi, mon fils il a étudié dans les meilleures universités pour faire ingénieur. Puis il a ouvert sa propre entreprise de construction et il est devenu millionnaire. Cela ne lui pose aucun problème de faire des petits cadeaux aux gens qu'il aime. Récemment, il a offert une maison de mille mètres carrés à une personne que je ne connais pas encore."

Les trois mecs baignent dans la fierté alors que le quatrième revient des toilettes. Il leur demande: "Qu'est-ce que vous me cachez?" L'un d'entre eux répond: "On parlait de nos fils et on disait combien on est fiers d'eux. Et toi?" Le quatrième répond: "J'ai aussi un fils. Il est gay et gagne sa vie comme gogo-boy et strip-teaseur." "Oh, mon pauvre!" s'exclament les trois autres en choeur. "Quel tristesse pour toi, quelle déception..."

Le quatrième re
prend: "Mais pas du tout. Il est mon fils et je l'aime comme il est. Du reste, il a aussi du succès. Par exemple: pour son anniversaire il y a quinze jours, il a reçu une splendide maison de l'un de ses admirateurs! Mais c'est pas tout; un autre lui a offert un jet privé et un troisième une Mercedes très classe. J'espère qu'il va bientôt nous les présenter."

Ulysse

lundi 7 septembre 2009

Le grand silence entre père et fils



L'émission d'Arte Au coeur de la nuit, jeudi dernier, m'a fait connaître -- j'ai envie de dire: rencontrer -- Uwe-Karsten Heye. Dans les années 1970, il rédigeait les discours de Willy Brandt; de 1998 à 2002, il a été le porte-parole de Gerhard Schröder. Aujourd'hui, il occupe le poste de consul général d'Allemagne à New York. Mais c'est la relation brisée entre son père et lui qui m'intéresse. À ce sujet, il a publié Vom Glück nur ein Schatten (Blessing Verlag, 2004), le récit d'une famille séparée par la guerre et les malentendus. Un texte où il laisse entrevoir un être meurtri derrière la façade policée de l'homme public.

Genèse du livre
: le retour angoissant, étape après étape, sur les traces de sa jeunesse... Très tôt, la guerre l'a privé de père, comme beaucoup d'enfants allemands de sa génération. Heye sénior menait une carrière de chanteur d'opéra lorsque la Wehrmacht l'a enrôlé en 1942. Il a déserté. Pendant qu'il se cachait en Pologne, les nazis ont obligé son épouse à divorcer. Puis les gendarmes militaires ont retrouvé le déserteur; il a passé en cour martiale et a été incorporé dans un bataillon disciplinaire chargé du déminage sur le front de l'Est. Quant à sa femme et ses deux enfants qu'il avait laissés à Danzig, ils avaient retenu trois places sur le Wilhelm-Gustloff qui évacuait les civils allemands et a sombré dans la mer Baltique le 30 janvier 1945.

Le Wilhelm-Gustloff.
Après la guerre l'ancien déserteur, toujours vivant, a fait des recherches et appris que sa famille avait été noyée avec les plus de 8000 personnes à bord du vaisseau torpillé. De même son épouse -- qui avait décidé au dernier moment de fuir vers l'Allemagne par la terre -- s'est adressée à la Croix-Rouge. L'enquête a conclu que le soldat était mort. Mère et enfants ont d'abord vécu en RDA. Puis ils ont fui à l'ouest. Le chanteur d'opéra a refait sa vie... Leurs chemins se sont croisés dans les années soixante, ex-épouse et enfants adultes d'un côté, ex-mari remarié et père de l'autre, des retrouvailles d'après-guerre allemande
s comme il y en eut beaucoup. "C'était donc lui, écrit le fils. Entre lui et nous, il y avait sa vie et la nôtre, qui partageaient si peu de points communs. Sa voix était agréable, un étranger sympathique dont je pouvais maintenant dire: il est mon père."
La fuite devant les troupes soviétiques.
Ils se sont rencontrés une autre fois. Le fils n'a pas tiré grand chose de leur conversation. Le héros, le résistant, l'anti-nazi qu'Uwe-Karsten avait construit dans son imaginaire de jeune homme n'était finalement qu'un homme qui ne voulait pas s'enrôler. Le fils se pose aujourd'hui encore beaucoup de questions. "C'était comme si l'on recherchait un mort -- et qu'il était vivant." Il n'y avait pas d'approche possible pour se raccrocher à leur ancienne vie.

Ulysse

mercredi 2 septembre 2009

Le képi, la capote et les Vaudois



Le 27 septembre, les électeurs du canton de Vaud qui se rendront aux urnes décideront si leurs agents de la sécurité publique devront se fondre en un corps de police unifié ou s'ils continueront à fonctionner, comme maintenant, en deux entités distinctes: les gendarmes cantonaux et les policiers municipaux. Selon ses adversaires, l'initiative soumise au peuple est un projet dangereux pour la démocratie. L'autre camp stigmatise la volonté de ne rien changer, masquée derrière un rafistolage obsolète. [Lecteurs étrangers: mon bulletin de vote, reçu aujourd'hui, comporte deux objets fédéraux, quatre cantonaux et une votation communale (Lausanne).]
Étrange message qui s'emmêle les pinceaux.
En général, les affiches électorales qui enlaidissent nos rues avant les élections et les votations découragent le sens civique le plus motivé. Les candidates et candidats sont mochement présentés; la plupart sont tartes dans la vie réelle, et les photos les rendent encore plus médiocres. Quant aux arguments, c'est la langue et la gueule de bois; un vomi de promesses et d'arguments passe-partout. Aussi étais-je étonné, ce matin, de voir une affiche au caractère affirmé, même si le message est un peu biscornu au premier coup d'oeil (mauvais point en technique publicitaire). S'agit-il de prévention du sida? Dans ce cas, messieurs, une seule capote ne suffira pas jusqu'au dimanche 27... S'agit-il d'un corps de police unifié? Messieurs, la capote se jette après usage...

Les autres affiches du camp de la police unie sont tout aussi caustiques. J'imagine qu'elles agaçent quelques porteurs de l'uniforme. Mais voilà au moins une propagande politique mordante. Dommage qu'elle n'explique pas pourquoi il faudrait voter "oui". Elle nous prend donc quand même pour des couillons à divertir... et embobiner.

Ulysse
Pourquoi pas aussi -- et surtout -- les politiciens?