mercredi 27 mai 2009

dimanche 24 mai 2009

On est toujours "le juif", "l'arabe" ou "le pédé" de quelqu'un


D
imanche au bord de l'Aar, à Soleure, où se terminent les 31e Journées littéraires ("Sentupada Litterara" en
romanche)... Derrière son stand de livres, un jeune vendeur vérifie l'état de ses deux lignes de pêche qui flottent dans la rivière. Il vend le Petit Lexique de la littérature de province (en allemand). Un rédacteur de l'Agence télégraphique suisse (ATS) annonce 10'500 visiteurs durant les trois journées "malgré une météo ensoleillée". Il se mélange les pinceaux: la météo et le météorologue n'ont jamais influencé le temps et il confond le nombre de visiteurs avec celui des entrées dans les différentes salles. A moi seul j'ai assisté à 14 lectures et tables rondes (suis-je quatorze visiteurs?) comptant 18 auteurs -- tout cela en allemand, italien, romanche, français, anglais et hébreu. A chaque heure, nous avions le choix entre plusieurs auteurs et autrices (comme elles se nomment en Suisse)...
Liron Maymon, mannequin israélien.
Une romancière et deux romanciers représentaient la langue hébreue: la juive originaire d'Argentine Gabriela Avigur-Rotem, l'arabe Sayed Kashua et le juif Eshkol Nevo, tous trois citoyens israéliens, de première force littéraire, chacun s'inscrivant à sa manière, et courageusement, dans le questionnement actuel -- la quête de beauté et d'amour, de justice, de paix aussi. Créant le lien dans leur fiction entre les aléas de la vie quotidienne et des vérités plus lourdes à porter, souvenirs enfouis, douleurs et les injustices qu'on voudrait oublier. Les lecteurs israéliens les suivent, les admirent ou les critiquent avec passion.

En les écoutant attentivement, je pensais à plusieurs choses... L'Israël d'aujourd'hui -- avec son développement remarquable et l'injustice que sa présence engendre face à un adversaire humilié et borné -- me rappelle que l'équité et la paix font partie des utopies, certes désirables. Me rappelle aussi qu'un peuple, même s'il a enduré la pire des épreuves, n'est pas forcément enclin à épargner et respecter un autre peuple.

Et c'est ce qui me désole lorsque je me surprends [moi, pédé] à mépriser, humilier d'autres personnes elles aussi bafouées par la société. Et c'est ce qui me désole, lorsque je vois mes frères gay manifester un esprit d'exclusion face aux minorités qu'ils ont de la peine à encaisser. Notre aptitude à accepter le prochain dépend de celle à nous assumer nous-mêmes. Pas facile!

Ulysse

dimanche 17 mai 2009

Moscou: la marque de la Bête sur les flics castagneurs

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Cette histoire emprunte les détours de l'âme slave. Un violoniste de 23 ans d'origine biélorusse, Alexander Rybak, a gagné hier à Moscou le concours Eurovision de la chanson pour la Norvège. La presse de son pays d'adoption le traite aujourd'hui en héros. "Il a gagné face à tous ces hommes dégoulinants et à moitié nus", s'exclame une admiratrice. C'est vrai, l'Eurovision de la chanson est tellement kitsch -- "so gay" disent les Américains -- que si on la transférait en bloc dans un cortège dit de fierté homo, cela choquerait.
Cinq flic courageux
pour écraser deux petits gars
Hier à Moscou également, les Forces spéciales russes [les OMOH en version originale] ont dispersé une manifestation LGBT (lesbi-gay-bi-trans) la Gay Pride slave que les autorités avaient interdite. Plus de trente militants ont été interpellés, dont Nikolaï Alexeïev, principal organisateur. Les participants voulaient profiter 1) du battage médiatique autour de Ajouter une imagel'Eurovision, 2) de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie (aujourd'hui dimanche) pour attirer l'attention de l'Europe sur les discriminations qu'ils subissent. La mairie de Moscou n'a jamais autorisé les rassemblements gay et lors des précédentes marches (interdites), de jeunes ultra-nationalistes russes s'étaient joints aux Forces spéciales pour tabasser les gay. Peter Tatchell, le militant anglais qui participait au rassemblement d'hier a aussi été arrêté. "Ils ont tordu les bras des gars derrière leur dos, (...) c'est assez douloureux."
Nikolaï Alexeïev
En Russie aujourd'hui, on continue à bafouer les Droits humains avec la bénédiction de l'Église orthodoxe qui a oublié les persécutions dont ses membres les plus fidèles ont été victimes. L'Église attise l'homophobie de la population. Selon elle, l'homosexualité fait partie des moeurs occidentales dont la Sainte Russie veut se préserver.

Autre détour dans cette histoire. C'est parce que le Russe Dima Bilan avait gagné le concours 2008 de l'Eurovision que l'édition 2009 s'est déroulée hier à Moscou. Toutes les vierges de Russie mouillent leur petite culotte en voyant le beau Dima. Qui s'exposait au public gay quelques années auparavant... Comparez.
Dima Bilan: 2003, 2008
Mais c'est pas tout. Les théologiens orthodoxes devraient se pencher sur le sigle des Forces spéciales de leur pays, en russe "OMOH". Le blogueur Erik Loefgren (site porno) à Helsinki, a inversé les photo de presse concernant l'intervention des flics hier à Moscou. En miroir, OMOH donne homo comme on peut le voir. Et c'est inscrit sur leur dos. Dans la bible, le prophète Ezéchiel cite des hommes qui "soupirent et gémissent" à cause des péchés de leur peuple. Ils ont une marque apposée au front; elle les protégera du jugement qui tombera sur le pays. Il y est aussi fait allusion dans l'Apocalypse: ceux qui servent Dieu ont son Nom inscrit sur eux et ceux qui suivent l'Antichrist sont marqués du nom de la Bête. Comment s'y retrouver?

Ulysse

vendredi 15 mai 2009

La vie sans voiles du chorégraphe Dave St-Pierre


L
e Prix international de la danse, Movimentos 2009, a été remis hier à Wolfsburg ("Autostadt Volkswagen") à divers artistes -- Arte relayait quelques tranches de la cérémonie. Le prix des Meilleurs espoir
s est allé aux chorégraphes Hofesh Shechter et Dave St-Pierre. Tous deux m'intéressent, ce qui est rare dans la danse contemporaine, à mon goût trop pauvre en inspiration -- sans parler des ballets classiques qui ravissent les gonzesses au cul noué.

Hofesh Schechter (deuxième
depuis la gauche)
Arte nous a montré un extrait du ballet Uprising (Insurrection) de l'Israélien Hofesh Shechter, dansé par sept hommes vigoureux. Expression d'une combativité sans brutalité: des joutes de mecs qui se cherchent, s'affrontent et se respectent. Des mouvements de chimpanzés qui marquent leur territoire, des réconciliations de bonobos. Finalement, aucun de ces mâles ne perd la face; la coexistence des guerriers et celle de leurs religions seraient envisageables. Pas de message de la part de Shechter. Simplement l'image d'un voisinage possible.

L'affiche de Over my Dead Body:
Dave St-Pierre et un Manet (détail)
Les Anges au tombeau du Christ.
A 34 ans, le Canadien Dave St-Pierre ne cache pas que son espérance de vie est maintenant très réduite. Il est atteint de fibrose kystique et sa maladie progresse. En janvier de cette année, il a présenté à Montréal le dernier volet d'une trilogie traitant des utopies et des relations amoureuses intitulé Over my Dead Body (Par-dessus mon cadavre). Sur scène, St-Pierre accompagné de quelques alter ego interpelle son narcissisme et sa vocation de provocateur. Dans le premier volet, La pornographie des âmes (2004), du tanz-theater pour une quinzaine d'interprètes, il s'intéressait à ces choses intimes de l'âme que nous avons honte d'exposer en public. Le deuxième volet, Un peu de tendresse, bordel de merde, a aussi attiré un large public, tant en Europe qu'en Amérique, prêt à accepter la crudité du nu et l'humour grinçant de cette quête de... tendresse: voyez les photos.

Un peu de tendresse, bordel de merde.
"Parfois, disait Dave St-Pierre dans une interview récente, vous vivez quelque chose de vraiment, vraiment sombre; et plus tard, paf!, vous en riez et vous le trouvez tellement ridicule. Puis cela vous revient en plein dans la gueule..."

Ulysse

mercredi 13 mai 2009

Étapes de la vie amoureuse, selon le Canadien Steve Walker


L
es artisans de divers corps de métier ont vidé hier la cuisine et la sa
lle de bain de mon logement dans le brouhaha et la poussière. Ils s'emploient aujourd'hui à installer de nouveaux équipements et j'admire leur habileté, leur concentration, leur perfectionnisme. En même temps, je redécouvre la peinture du Canadien Steve Walker; la toile intitulée A Matter of Taste (2003) qui met en scène deux mecs dans une cuisine fait affleurer des souvenirs...

Pourquoi la vision de Walker me touche-t-elle durant ces journées de transition (car mon évolution personnelle précède les transformations)? C'est une vision photographique par les cadrages (tels les polaroïds qui jalonnaient notre vie -- celle de mon mec A. et la mienne -- au siècle dernier). Et, malgré le réalisme un peu fade, malgré les beaux gosses passe-partout qui peuplent chaque tableau, l'artiste fait passer un réel sentiment de nostalgie. Puisqu'on ne voit presque jamais les visages de face, chaque spectateur peut y trouver une parcelle brumeuse de son histoire.

Même figurés en couples, ces hommes conservent une distance, leur indép
endance, leur solitude de cow-boys urbains. Sont-ils uniquement représentatifs des gay? Ou des mecs en général? Steve Walker expose et s'expose à un moment où le public peut mieux comprendre sa thématique et l'accepter. "Si l'on fait abstraction de l'identité masculine des personnages, dit-il, ce que nous avons sous les yeux est l'illustration des rapports humains en général." Et d'ajouter: "En tant qu'homosexuel, j'ai été éduqué, ému et inspiré par des oeuvres à caractère hétérosexuel. Alors, j'imagine que les hétéros peuvent aussi comprendre l'expression de thèmes qui nous sont communs à tous, même vus par les yeux d'un homme gay. Ceux qui ne le perçoivent pas, c'est bien dommage pour eux."

Ma nostalgie? Je nous revois A. et moi dans sa cuisine ou la mienne. La préparation des repas et nos débats à table étaient des grands moments de communion. Au petit matin, sa nuque sentait le pain chaud. Mais il était d'humeur massacrante au lever... Nous avons passé des vacances à deux -- Italie, Grèce, Angleterre, Antilles. Un rêve prémonitoire l'a incité à ne plus voyager en avion... Lorsqu'il s'est émancipé, ce garçon réservé s'est mis à danser avec frénésie, à fréquenter d'autres beaux hommes au milieu des roseaux, dans les saunas et les boîtes. Après sept ans, notre compagnonnage s'est transformé en fratrie. N., son nouvel amant en titre, avait aussi des talents de cuisinier. Leurs septennat s'est terminé brutalement... A. rossé dans une embuscade en Anatolie; rapatrié en avion (son rêve prémonitoire), est mort aux soins intensifs. N. mort le lendemain, terrassé par le sida. J'ai recueilli leur dernier souffle.

Ulysse -- Steve Walker (Toronto): A Matter of Taste (2003), Paralell Dreams (1998), Revelations (1996), Boardwalk Triad (1996). L'artiste met aussi en vente des reproductions de ses oeuvres.

lundi 11 mai 2009

Pourquoi cette honte de la nudité?




C'est un rêve courant: vous vous trouvez nu/e comme un ver au milieu de personnes habillées, exposé/e à leurs regards et ce sont des collègues de travail. Rêve qui ferait bander un exhibitionniste, mais plus vraisemblablement cauchemar... D'où vient cette honte? Selon le livre de la Genèse, le serpent qui a tenté Ève était nu, lui aussi. Et les yeux d'Ève et Adam se sont dessillés lorsqu'ils ont croqué le fruit de la connaissance: ils ont pris conscience de leur nudité... Le récit correspond aux observations actuelles: lorsqu'un jeune humain devient sexuellement intéressant dans son groupe, il perd sa candeur et acquiert ce qu'on appelle la pudeur. Ses parents l'y poussent. Pourquoi?

Nos lointains ancêtres vivaient au naturel, ou presque, et se vêtaient uniquement pour se protéger contre les éléments extérieurs. Puis est venue l'idée que le corps nu envoyait des signaux sexuels qui mettaient en péril la sta
bilité (ou la possessivité) au sein du couple. La honte/pudeur serait donc une émotion destinée à renforcer la monogamie. Émotion acquise dont on peut se délivrer en la dissociant de la sexualité. D'autant plus que le vêtement est souvent conçu pour attirer le regard plutôt que couvrir le corps.

"Je veux pouvoir décider quand mon corps est sexuel ou non", disent les femme
s en quête de liberté. Par exemple, pouvoir bronzer et nager torse nu, "comme vous les hommes". La nudité masculine totale revendique la même latitude. Notamment au sujet des érections qui se produisent inopinément et qu'on interprète trop souvent comme de la provocation. La petite tête ne pense pas qu'au viol; elle peut se redresser par curiosité, par lassitude ou ennui, au milieu d'une digestion, d'une sieste, d'une oraison, ou simplement parce qu'elle se sent bien et vérifie (c'est une manie) si elle est toujours en état de fonctionner.

Quel bonheur de vivre nu au soleil, de jardiner, de nager ou marcher et sentir les mouvements de l'eau, du vent sur le corps entier, libéré des ceintures, élastiques et moule-burnes! Et si les randonneurs ont été chassés des cimes appenzelloises, il leur reste heureusement beaucoup d'autres paradis, secrets ou ouverts, où se libérer des contraintes du textile et de la fausse pudeur.

Ulysse -- Photos: Wadi Mudjib (Vivre nu.com); Spencer Tunick réunit 600 personnes au glacier d'Aletsch (photo Kris Rotsaert); le monde à l'envers (www.blognaturiste.com/melchnate).

vendredi 8 mai 2009

Les bogosses généreux (de leur personne) s'attirent parfois des emmerdes

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Ryan Oliver a été élu Mister Panama samedi dernier; et il a déjà perdu son titre. Problème de dopage? Revolución? Non. Des personnes bien-pensantes (et néanmoins dépravées) ont repéré sa vidéo sur le site porno gay de Sean Cody. Elles se sont empressées de le dénoncer car le vertueux règlement de la compète interdit jusqu'au nu artistique. Selon Latin Gossip, Ryan n'a pourtant rien commis de sexuellement "gay" devant les caméras. Sous le prénom d'Andy, il s'est prêté en solo à un petit exercice auquel les gars de 20 ans ont recours plusieurs fois par jour pour calmer leur impatience en attendant le rancard du samedi soir. [Échantillon ci-contre, rien que du tout-venant.] "La première chose que j'ai remarquée, note Sean Cody, ce sont ses splendides avant-bras poilus et sexy." Andy a d'emblée précisé à Sean, afin qu'il n'y ait aucune ambiguïté (ni intervention) pendant le tournage: "J'aime les Sud-américaines. Elles naissent avec des corps magnifiques qu'elles se transmettent de génération en génération." A la question s'il avait dragué une mère et sa fille, il a répondu: "Non, juste la fille et je rêvais de la mère!"

Un autre bogosse sans attrait, John Gechter, s'est fait virer de l'université chrétienne où il étudiait en Pennsylvanie pour avoir joué dans plusieurs vidéos porno gay sous le nom de Vincent DeSalvo. Il payait son écolage avec ses gages. Mais voilà: l'uni interdit à ses élèves tout rapport sexuel prémarital, hétéro ou homo! [Ci-contre: John-Vincent (en sandwich) dans ses oeuvres, chez Randy Blue.]

Il n'y en a point comme nous, les Suisses [à part les banquiers psychopathes et leurs pouilleux vassaux au gouvernement; à part les politiciens populistes de l'Union Des Couillons]. Saluons ici Mr Gay Switzerland 2009 als schönster schwuler Schweizer. Ricco Müller est né en 1985 à Domat près de Coire. Il a suivi un apprentissage d'électromonteur qu'il a dû abandonner à cause de la double discrimination qu'il subissait. Il faut préciser que Ricco est sourd de naissance. Mainten
ant, il fait un stage dans le célèbre bureau d'architecture de Daniel Libeskind, à Zürich. Après son règne d'une année, il entreprendra des études pour obtenir la maturité (le bac) afin de pouvoir s'inscrire dans une école d'architecture. Militant, Ricco l'a été dans l'organisation des jeunes sourds Swiss Youth Deaf. En tant que Mr Gay, il compte apporter -- avec la collaboration de son interprète -- un message clair à son public sur la situation des non-entendants. Il s'occupera aussi de prévention du sida, comme il sied à son emploi. Mr Gay est un lecteur assidu, un sportif, un voyageur -- il a passé deux mois au Japon -- et fréquente les expositions de peinture et sculpture. Ils sont bien, les Suisses, quand cela ne leur monte pas à la tête!

Ulysse

mercredi 6 mai 2009

Supplice de la colle: jeunes gay torturés à mort en Irak



L
a semaine dernière, Al Arabiya, la télé internationale qui émet depuis les Émirats, a révélé que les attaques anti-gay des brigades de la mort chiites avaient pris une tournure encore plus sauvage. Selon GayCityNews, le reporter de la chaîne a vérifié les informations qu'il avait reçues de la présidente de l'Organisation irakienne des Femmes pour la liberté. Il s'est rendu dans une morgue de Bagdad où un expert médical a confirmé avoir
examiné les corps de sept hommes et déclaré: "Nous n'avons pas pu identifier les coupables qui ont jeté les cadavres devant notre porte et se sont enfuis sans être vus".

Des vidéos de la torture ont été diffusées sur les portables à travers le pays. Une colle de fabrication iranienne est appliquée sur l'anus des présumés homosexuels; ce produit ne peut s'enlever que par une opértation chirurgicale. Après avoir bouché hermétiquement l'anus de leurs vicitmes, les tor
tionniares les forcent à boire un poison qui cause une colique foudroyante; et les hommes meurent dans d'horribles douleurs. Les faits ont été confirmés par deux enquêteurs de Human Rights Watch qui se trouvent actuellement en Iraq. A Londres, Ali Hili qui coordonne les activités de l'association irakienne des LGBT déclare: "Ces derniers jours, nous avons reçu des nouvelles provenant de toutes les régions du pays et dénonçant des actes semblables. "Nos sources rapportent que des hôpitaux dans le sud du pays ont reçu de nombreux patients souffrant de ce type d'occlusion; mais ils refusent de les soigner et les laissent mourir à cause de l'homophobie croissante." D'autre part, le mois dernier une télé égyptienne faisait état de vingt jeunes hommes hospitalisés à Bagdad pour mutilations génitales.

Comme rapporté ici en septembre 2008 ["Irak: une fatwa incite au meurtre des lesbiennes et des gay"], sous le régime de Saddam Hussein, la "sodomie" n'avait été criminalisée qu'en 2001. Mais on n'avait pas noté d'emprisonnement ni de mise à mort à cause de cette accusation. C'est depuis l'occupation américano-anglaise que les milices islamiques traquent et tuent impunément des homos et des transsexuels. En ce début mai, Ali Hili dénombre 617 cas d'assassinats de gay présumés attribués à la fatwa.

Ulysse

dimanche 3 mai 2009

Stephen Fry: lettre à un garçon de 16 ans


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En 1973, à l'âge de seize ans, Stephen Fry écrit une lettre qu'il adresse à l'adulte qu'il deviendra. "Tout ce que je ressens maintenant en tant qu'adolescent est authentique. [...] Mais chaque jour qui passe m'éloigne de ma vraie nature. Chaque pas que je fais en direction de l'âge adulte est une trahison." Aujourd'hui, l'acteur britannique de 52 ans, le réalisateur, l'auteur éclectique, excentrique, prolifique et cyclothymique répond au jeune homme qu'il fut et publie sa lettre dans le Guardian et le Gay Times. Concernant son homosexualité, Fry a fait cette sortie célèbre: "Je pense que tout a commencé lorsque je suis sorti du ventre maternel. J'ai regardé ma mère et j'ai pensé C'est la dernière fois que je passe par là."

Extraits. ´´Je suis peut-être plus heureux aujourd'hui que je ne l'ai jamais été et pourtant, j'échangerais tout cela pour redevenir toi, le Stephen de 16 ans, éternellement mal-heureux, nerveux, sauvage, étonné et désespéré; en colère, plein de peurs et maladroit, mais vivant.``

´´Je sais assurément aujourd'hui, comme je l'entrevoyais à l'époque, que l'amour est ce qui compte le plus. Aussi, qu'il se porte envers une personne du même sexe ou non n'a aucune importance. Il ne faut pas négliger la problématique gay [...] mais elle se ratatine comme un escargot dans le sel face à la question de l'amour qui domine tout. L'aurais-tu imaginé, jeune Stephen? aujourd'hui encore, certains gay pensent que les nombreux obstacles et les peurs qui balisent leur vie et leurs relations sont d'abord liés au fait de leur orientation. En réalité, leurs problèmes découlent à 90% des aléas de l'amour, et de lui seul: du manque, du refus de l'amour, de l'inégalité, des occasions manquées, des
monstruosités, des peines de coeur [...] et ces difficultés tourmentent autant les hétéros que les homos. Je ne vois que 10% de souffrance et de complexité supplémentaires qui nous soit spécifique; certes, ce n'est pas rien, mais nos peines nous viennent d'abord de l'amour.``
Jude Law dans les bras de Stephen Fry

Ensuite, le Stephen de 2009 annonce à celui de 1973 qu'il va bientôt découvrir, par ses lectures, combien sont nombreux les artistes homosexuels qui ont marqué la culture. Qu'il va connaître l'explosion sexuelle des années 70, l'horreur du sida, la libération gay et ses militants remarquables, ainsi que rencontrer leurs adversaires. Qu'il va traverser des crises, descendre en enfer et renaître. Qu'ailleurs, les gay ne connaissent pas la liberté dont Stephen Fry bénéficie aujourd'hui.

´´Mon message concernant ton avenir est double. Ne crains rien, jeune Stephen, ta vie se développera sur des voies plus riches, moins marginales et plus heureuses que tu ne l'aurais imaginé. Mais méfie-toi! car l'ouverture d'esprit et la liberté -- ces fondements du rationalisme qui te nourrit et te semblent inaliénables -- seront bientôt attaqués et assiégés par des esprits malveillants, fous et rétrogrades. [...] Le pouvoir cruel, hypocrite et haineux de la religion et de l'absolutisme s'abat de nouveau sur le monde.``

vendredi 1 mai 2009

Grève du sexe au Kenya: est-ce la bonne tactique?


O
n a appris cette semaine qu'au Kenya, désespérées de la tournure que prenaient les affronte
ments au sein du gouvernement, des femmes ont décidé de réagir. La rivalité entre le président et le premier ministre, lors des dernières élections, avait dégénéré en soulèvements dans tout le pays, provoquant un millier de morts. Or le conflit s'est de nouveau envenimé. Ce groupe de femmes a donc décidé d'en appeler aux citoyennes afin qu'elles entreprennent une grève. Leur slogan: "Pas de paix, pas de sexe". Ces pacifistes ont pensé à tout: elles ont même offert de l'argent aux prostituées qui exercent près des ministères, afin qu'elles se mettent elles aussi en grève durant sept jours. Bravo les filles!

Ces dames reprennent à leur compte le combat de Lysistrata, héroïne de la comédie écrite par Aristophane en 411 avant notre ère. Résumé: cela se passe à Athènes, alors que la guerre s'est ravivée contre Sparte. Lysistrata en appelle aux femmes grecques des deux camps et leur demande de faire la grève du vagin. Elle leur fait prêter serment.

Lysistrata: Aucun; ni mon mari, ni mon amant...
Cléonice: Aucun, ni mari, ni amant...
L.: ...ne pourra m'approcher en bandant. Répète!
C.: Ne m'approchera en érection. Ah, Lysistrata, mes genoux flageolent!
L.: Je resterai enfermée à la maison, sans homme...
C.: Je resterai terrée dans ma maison, sans mâle...
L.: ...m'étant mise en beauté dans ma petite robe jaune...
C.: ...m'étant faite toute belle dans ma tunique jaune...
L.: ...pour que d'un plus grand feu mon mari brûle.
C.: ...afin que d'un plus grand feu mon mari se consume.
L.: Jamais je ne céderai de plein gré à mon mec...
C.: Jamais je ne céderai de plein gré à mon homme.
L.: ...et s'il me force malgré mon refus, je ferai la morte...
C.: S'il me force je ferai la morte.
L.: ...et je ne lèverai pas les jambes au plafond, ni ne prendrai la pose de la lionne sur une râpe à fromage...

A la violenc
e de la guerre, Aristophane oppose la résolution des femmes. Les maris sont soumis au supplice du manque. L'effet est spectaculaire. L'auteur enjoint les acteurs mâles de porter un phallus sur le bas-ventre de leur costume. Et l'artiste anglais Aubrey Beardsley s'en donne à coeur joie dans ses illustrations de 1896.

Le slogan "Faites l'amour et pas la guerre" a donc plus de 2400 ans d'âge. Et aujourd'hui encore, des femmes déplorent ne pas avoir en leur possession d'autres armes que leur corps pour lutter contre les guerres dites inutiles. Mais combien militent dans la grève de l'amour?

D'autres voix s'élèvent en faveur d'un tri sélectif. N'épousez pas les mecs violents, les va-t-en-guerre, disent-elles. Peine perdue! L'attrait de l'uniforme est irrésistible, tant auprès des hommes qui l'endossent que des femmes (et les pédés) qui le contemplent. Reste une démarche à tenter: priver les mâles belliqueux des services domestiques dont ils bénéficient dans le mariage. Fini l'appartement bien tenu, les draps propres; fini chemises et slips lavés, repassés, rangés en piles; plus de repas mijotés, rien que des pizzas et du chinois. Les types devraient passer leur temps et exercer leurs muscles aux travaux domestiques. Ensuite, ils seraient choyés au lit (malgré les draps sales) et apprendraient ce qu'est le repos du ménager (qui remplacerait celui du guerrier). Et les femmes auraient le temps de se lancer en politique.

Ulysse