lundi 29 décembre 2008

La manière virile de traverser la perte et le chagrin


D
ans le désert du Nevada, le festival du Burning Man rassemble chaque mois d'août près de 50'000 âmes dans une cité utopique qui
disparaît en flamme à la fin de la semaine. La gigantesque statue de "l'homme qui brûle" est consumée comme les autres constructions éphémères et aériennes. La communauté expérimentale qui se forme autour d'un rêve d'art, de liberté et de créativité invite à l'humour, à l'affection et aux amours bouillonnantes. Les participant/es apportent leurs propres créations bariolées "d'art interactif", destinées à amuser et à interroger.
Le Temple de l'Honneur de David Best dans la tempête de sable. -- Photo Scott London.

Le sculpteur David Best a dessiné les plans de plusieurs temples, chaque année un autre, contruits par des volontaires en quelques semaines à partir de matériel de recyclage. Le Temple de l'Honneur (ci-dessus) a été érigé en 2003; le cinéaste Laurent Le Gall donne la parole à David Best dans son DVD Burning Man... Voyage en utopie. [Cliquer sur Le Gall pour voir la séquence dans laquelle le sculpteur explique son projet aux visiteurs.] Architecture d'inspiration balinaise érigée avec des déchets de bois et de carton, ce monument était consacré aux disparus dont les visiteurs voulaient honorer la mémoire. Un emplacement était réservé au déshonneur où chacun pouvait déposer le poids de sa honte, de son indignité et l'abandonner aux flammes qui viendraient bientôt le purifier. David Best avait aussi dédié un emplacement au fardeau que provoque le suicide d'un proche.

L'artiste [ci-contre] raconte qu'un homme était venu lui dire au temple: mon fils s'est suicidé et tu l'as libéré. "J'étais
très honoré de pouvoir aider quelqu'un à se libérer d'un tourment aussi pesant." D'autres personnes déposaient des messages écrits, s'adressant à leurs morts, décrivant l'étendue de leur chagrin et de leur amour, demandant pardon; ou déposaient leur fardeau sous la forme d'une lourde pierre qu'ils avaient apportée de loin.

Les femmes et les hommes ne traversent pas semblablement le deuil. Nous, les mecs, avons plus de peine à manifester notre chagrin, surtout à le partager avec d'autres hommes. Avant de le faire, nous devons être certains qu'ils nous respecteront... De plus,
nous considérons le chagrin comme un poids trop lourd à porter pour les autres. Enfin, celles et ceux qui nous harcèlent en insistant que nous devons faire le deuil, ces gens-là nous enfoncent encore plus dans le mutisme. Ils ne savent pas voir -- ces spécialistes du deuil "à faire", comme une poule "fait" son oeuf -- que nous suivons d'autres voies pour traiter et traverser le chagrin. Par exemple: l'action. Une marche jusqu'à l'endroit de l'accident, à chaque anniversaire, pour s'y recueillir; la confection d'un objet du souvenir; la lutte pour prévenir que d'autres subissent le même sort... Le chemin de deuil des mâles est peut-être plus solitaire, ou se parcourt avec quelques nouveaux potes qui connaissent une perte identique. Ce n'est pas d'en parler qui compte pour un homme, mais de faire ce qu'il faut faire. Au bon moment.

Ulysse

A la fin de la semaine, le Temple de l'Honneur
est parti en flammes avec tous les fardeaux qui avaient convergé sous ses arches. -- Photo Tristan Sabatier, playa-dust.com.

samedi 27 décembre 2008

Gender studies: le cheval de Troie des études sur le genre est entré au Vatican


N
ous voyons arriver la fin de la présidence de baby Bush qui, afin d'atteindre ses buts, a instillé en ses concitoyens l'homophobie (la peur des homosexuels, convertie en haine) et la crainte du terrorisme. Aucun de ses prédécesseurs n'était allé aussi loin. Le
pape Benoît XVI, en revanche, ne semble pas terminer sa course. Lundi dernier, lunettes enfoncées sur le nez, penché sur un texte en italien, il lisait péniblement son discours de fin d'année devant la Curie (gouvernement pontifical). Il semble qu'un écho des gender studies (études universitaires américaines sur le genre) est parvenu jusqu'au siège du souverain pontife et aux oreilles des grigous qui mitonnent ses textes. Le cheval de Troie du féminisme et des queers -- ces tordus de gouines, pédés et trans -- est entré au Vatican.

Dans une approche peu conventionnelle des représentations modernes qui sous-tendent le genre, le pape a déclaré qu'il était aussi important de protéger l'hétérosexualité que les forêts. L'Église (la sienne) "devrait aussi protéger l'être humain de son autodestruction. Une sorte d'écologie humaine est nécessaire," a-t-il précisé. "Il faut que nous préservions les forêts tropicales. Mais la créature humaine le mérite tout autant." L'Église doit défendre les rôles traditionnels de "l'homme et de la femme afin que l'ordre de la création soit respecté." "La notion qui est souvent comprise dans le terme de genre se réalise finalement dans l'émancipation par laquelle l'homme se distancie de la création et du Créateur. L'homme veut agir seul et décider individuellement dans les domaines qui le concernent." Ce qui l'amène à vivre en contradiction avec la vérité.

Le texte est aussi labyrinthique qu'une dissertation de philosophe pris en délire de mensonge. C'est à se demander comment cette organisation qui est peuplée de 40% de gouines et de pédés enfermés dans des couvents et des sacristies, de 40% d'hétéros pervers ou frustrés, de 15% de femmes et hommes qui ont réussi leur sublimation et de 5% de pédophiles installés jusqu'aux postes les plus élevés (vu la protection dont ont bénéficié les plus coupables jusqu'à maintenant), comment cette organisation peut continuer à stigmatiser les homosexuel/les et donc encourager l'homophobie qui cause tant de malheurs, de
persécutions et de crimes au nom de son dieu d'amour.

Ohé la-bas! les drag queens de Rome, revenez à la réalité! L'arche de Noé, c'était il y a des milliers d'années... Depuis, la planète s'est repeuplée. Et il vaudrait mieux s'occuper de nourrir, vêtir et envoyer les vivants à l'école. De les protéger des maladies mortelles. Par exemple: vous pourriez
mettre une partie de l'or, de la myrrhe et de l'encens aux enchères chez Christies. Sans oublier vos fringues qui rendent les autres drags folles de jalousie.

Très saint Père, pour votr
e méditation laïque du 1er de l'an, je vous propose d'écouter Pat Califia que j'ai connue femme lorsque je lisais ses premiers bouquins; et qui est devenue transgenre, se considérant aujourd'hui à vocation masculine. "Si vous pouviez changer de sexe," demande-t-elle en traduction française, [pourquoi pas ajouter: changer d'identité sexuelle, de genre] "aussi facilement dans la réalité que dans le monde virtuel, et reprendre votre sexe d'origine ensuite, n'aimeriez-vous pas essayer au moins une fois?" [...] "Qu'est-ce qui changerait dans vos idées politiques, vos vêtements, vos préférences alimentaires, vos désirs sexuels [sauf votre respect, très saint Père!], vos moeurs sociales, votre style de conduite, de travail, de langage corporel, de comportement dans la rue?"

Ulysse -- Photo de la soeur de la Perpétuelle Indulgence (qui milite pour l'usage de la capote): Tristan Savatier.

mardi 23 décembre 2008

Une fille-mère sur le chemin de Bethléem


S
amedi dernier au Hallenstadion de Zurich, le vétéran Evander Holyfield portait la référence Psaume 107,20 sur le fond de sa culotte de boxeur pour battre Nikolaï Valuev. Pub évangélique ou grigri? Raté, il n'a pas arraché la victoire escomptée. A sa place, j'aurais choisi Psaume 108,14 "Avec Dieu nous ferons des
prouesses, et Lui piétinera nos oppresseurs". Dites-moi, qu'est-ce que la religion venait foutre dans ce monde de brutes? Les spectateurs avaient payé pour voir les arcades saillantes de Valuev pisser le sang et le vieil Américain se faire encore un tas de pognon. Raté.

Autre histoire pathétique dont la religion se mêle, on ne sait pas pourquoi. Elle se déroule parmi les plus miséreux de la terre et nous vient d'Orient où les gens sont incapables de relater les faits avec exactitude. Voilà donc une fille-mère [le cas est différent des mères
célibataires d'aujourd'hui qui s'adressent à une banque du sperme]. Elle a été mise enceinte le 8 décembre par le premier ange venu. Elle croyait que la petite graine s'introduisait avec la langue, au cours d'un baiser. Ah! si elle s'était bouché les oreilles comme lui disait sa maman, cela ne serait pas arrivé. En plus de la graine, le beau gosse avec qui elle avait fait causette dans la rue lui avait aussi glissé de la poudre à lever dans l'oreille.

Constatant qu'elle gonflait à vue d'oeil, le fiancé de la jeune fille en fut encore plus humilié. On imagine sa colère... Dix-sept jours plus tard, soit le jour de Noël, l'imprudente accouchait déjà. Le couple s'était rendu à Bethléem pour le fameux recensement qui eut lieu sous Quirinus, en l'an 6 ap. J.-C. Étant donné la cohue qui se pressait à Bethléem pour fêter Noël, avec dinde, champagne, sapins, boules, bougies et monceaux de cadeaux, ces pauvres gens durent loger dans un cave où eut lieu l'accouchement. Que dire du bébé, né bien avant terme, si ce n'est qu'il devait être aussi mince qu'un ver puisque sa mère resta vierge toute sa vie. Vierge et sans péché, ce qui signifie qu'elle ne lui a jamais crié dessus, ni foutu une taloche!

Je ne comprends pas pourquoi il faut absolument mêler
l'histoire de ces pauvres gens (qui durent ensuite fuir en Égypte pour sauver la peau du petit) avec le passage du Père fouettard dans les foyers pour punir les méchants garçons. Puis encore avec le sanglant sacrifice des boeufs pour la fondue chinoise, les cantiques rabâchés et le massacre des sapins (pourquoi pas des pamplemoussiers?). Alors qu'on est déjà flagada à cause des virus et des repas de fin d'année. Pourquoi mêler l'histoire d'une humble famille -- une jeunette qui se fait baratiner, son fiancé exemplaire puisqu'il ne la rejette pas, et leur enfant poursuivi par le mauvais sort -- avec les orgies de païens nordiques qui célèbrent le retour timide de la lumière en pendant des boules et se faisant péter la panse? Pourquoi?

A propos, les gars, faites gaffe où vous mettez vos boules! Et le soir, sortez couverts si vous fréquentez des lieux chauds!

Ulysse

samedi 20 décembre 2008

Ted Haggard, l'homme qui s'est piégé lui-même




Cette histoire de déni nous concerne. Non parce qu'il s'agit d'un conseiller religieux de Bush, d'un prédicateur à succès qui a saboté sa brillante carrière par une conduite sexuelle à risque, mais parce que l'homme était divisé contre lui-même (observez ses yeux). Et cela peut nous arriver à chacun.

En moins de vingt ans, la communauté charismatique que le révérend Ted Haggard avait fondée dans le sous-sol de sa maison avait enrôlé 14'000 membres. Et le modeste lieu de réunion du début était devenu une méga-église à Colorado Springs, aussi vaste et fréquentée qu'un centre commercial. Haggard lui-même avait accédé à la présidence de l'Association nationale des Évangéliques (30 millions de membres); il était catalogué par Time Magazine comme l'un des 25 leaders américains de cette forme de religion. Il parlait "avec Bush ou ses conseillers chaque lundi" et avait incité ses coreligionnaires à voter pour lui en 2004. Pasteur Ted s'engageait aussi dans la guerre confessionnelle et politique sans fin que mènent les fondamentalistes (cathos et parpaillots) contre l'interruption de grossesse et le mariage entre personnes du même
sexe. Il y ajoutait -- en homme de coeur -- la lutte contre le réchauffement planétaire et contre la pauvreté. Ce père modèle (cinq enfants) joignait parfois l'utile à l'agréable en se rendant le soir dans les bars gay de Colorado Springs, pour inviter les mecs à se joindre aux fidèles de sa New Life Church.

Or un jour noir de novembre 2006, le beau Mike Jones, un masseur érotique qui avait pour client depuis trois ans un certain "Art" (Arthur, deuxième prénom de Haggard), et venait de découvrir que Art
et le prédicateur Ted Haggard ne faisaient qu'un, le dénonça publiquement. L'éthique professionnelle des travailleurs du sexe, c'est la discrétion totale. Mike Jones s'y tenait. Mais ce client qui menait campagne pour l'interdiction du mariage gay dans l'État du Colorado poussait le bouchon trop loin.

Les pontes christianistes qui fréquentaient Ted imaginèrent que c'était une attaque politique sans fondement. Père de famille, chef d'entreprise (son église et les dépendances employaient 360 personnes), cet homme appartenait sans question au club exclusif des mâles blancs hétérosexuels qui ont réussi... [Il est temps que ces mecs découvrent l'étendue de la bisexualité dans la société humaine!] Finalement, Haggard lui-même concéda: "Je suis coupable d'immoralité sexuelle. J'assume entièrement la responsabilité de ce problème. J'ai trompé et j'ai menti. J'ai lutté depuis que je suis adulte contre un élément de ma vie qui est répugnant et sombre."

Dans un milieu où il n'est pas acceptable, si l'on veut faire carrière, de vivre sa sexualité dans toutes ses nuances -- qu'elle soit hétéro, homo, bi ou autre -- l'adolescent non-hétéro grandit en nourrissant un dégoût de soi-même qui entraîne le déni. Alors il ferme les yeux sur une réalité dont la perception serait trop traumatisante, étant donné la menace de rejet familial. Ce refoulement, s'il persiste,
entraîne des conduites par lesquelles le sujet se met en danger. Exemple: un mec qui a des dons de prédicateur s'engage en faveur d'un dieu qui ne le respecte pas dans l'expression de sa sexualité. Il s'enferme encore plus en s'entourant de gens hostiles. Il lutte ouvertement contre des personnes qui lui ressemblent (et qui pourraient participer à son bonheur). Il se punit un max et, lorsqu'il craque, se sent coupable au lieu de déclarer (sauf à sa femme et ses enfants): "Allez tous vous faire foutre!" Peut-être aurait-il littéralement raison: ce sont des gars très refoulés qui harcèlent les autres.

Ted Haggard a été jeté, remplacé dans la paroisse qu'il avait fondée et soumis par ses pairs à une thérapie visant à instiller en lui une hétérosexualité béton. Ses thérapeutes religieux ont déclaré, au bout de deux mois déjà, qu'il était totalement hétéro. Aujourd'hui, dans un documentaire TV qui sera diffusé en janvier, il déclare qu'il a été suicidaire, qu'il est toujours en lutte, mais n'envisage pas le divorce à cause des enfants. Sa femme étudie la psychologie. A 52 ans, il vend des assurances et affirme: "Je suis un perdant."

Ulysse

lundi 15 décembre 2008

Ouvrir son fondement au feu de dieu


L'artiste chinois Cang Xin, né en 1967, a fait des études à l'Académie de musique de Tianjin et étudié la peinture en autodidacte. Aujourd'hui, il est installé à Pékin et se meut entre la performance et la photographie. Il a exposé principalement en Asie et en Europe. Son oeuvre célèbre la communication sensuelle de l'être avec la nature.

Que Cang Xin revête le vêtement d'une jeune mariée, d'un patient de psychiatrie ou d'un ouvrier de sidérurgie (ci-contre: l'ouvrier est à gauche, l'artiste emprunteur d'identité à droite), ou que Cang Xin médite sur un glacier, chacun de ces
rituels représente sa manière personnelle de devenir l'autre, d'interroger la nature et le sacré.

Cang Xin: Man And Sky As One -- Trance, 150x245 cm.

Point de dualisme entre l'esprit et la matière dans la vision de l'artiste chinois. Le sacré se traduit en une sensation très simple de fusion avec la nature et, pourquoi pas, avec l'univers. "L'être et le ciel font un", selon le titre qu'il a donné à cette photo-performance. Le méditant en position de lotus a le fondement plaqué au sol, il est branché sur les vibrations terrestres qu'il reçoit comme une musique intérieure. Il paraît que tous les atomes de l'univers produisent des sons subtils; nous relier ainsi aux forces telluriques c'est retrouver les principes des origines. Chacun peut l'éprouver en s'asseyant dans la tranquillité.

Le dieu des aborigènes d'Australie les a mis au monde en les chantant. Celui des chrétiens les a engendrés par le verbe: au commencement était le logos, la parole. Selon les médecines indienne et chinoise, notre corps abrite des points d'énergie qui gèrent la santé de notre corps et de notre esprit. Le premier de ces points (de ces chakras pour les Indiens) est situé dans l'entrejambe, du sacrum au périnée. Pour le mâle de l'espèce, stimuler l'énergie et la sensibilité de ce chakra développe sa potentialité masculine, tant physique que mentale et spirituelle. Le feu au fondement n'est pas qu'une représentation érotique. C'est donner la... parole aux énergies fondamentales.

Cang Xin: Man And Sky As One -- Seven Circles of fire, 150x255 cm.

Chaque chakra peut être envisagé comme une porte qui ouvre sur l'être, sa sagesse, sa capacité d'aimer et d'agir. Le premier chakra, celui du séant, nous connecte à la matière, au cosmos, au feu de dieu et aux vibrations que nous partageons avec nos semblables, avec notre tribu. Il nous prépare à nous connecter au deuxième chakra, celui de la communauté et de l'amour sexuel... A suivre, donc.

Ulysse -- Cang Xin est représenté par la galerie 10 Chancery Lane, Hong Kong.

dimanche 14 décembre 2008

L'arche de Noé contre l'EuroPride 09 (Zurich, mai prochain)


L
e "Lobby suisse de la Famille" se fait les griffes sur les gouines et les pédés. Mais attention: vous les hétéros,
vous êtes dans sa ligne de mire et cela fera bien plus mal! Donc, le groupement Familienlobby Schweiz tente d'empêcher la tenue de l'EuroPride 09, événement gay international qui se déroulera à Zurich du 2 mai au 7 juin prochains. Au programme cette EuroPride: manifestations culturelles; séminaires et conférences rassemblant des intervenants du monde économique, politique, religieux et médical. Et de grandes bastringues dont les gay ont le secret. L'EuroPride se tient chaque année dans un autre pays. Zurich compte sur 100'000 visiteurs suisses et étrangers. Les organisateurs espèrent que les hétéros ne se joindront pas qu'aux fêtes, mais qu'ils participeront aux débats qui toucheront à des thèmes universels: les gender studies, les diverses manières d'être parent, la cohabitation des minorités avec les majorités (qui sont aussi multiples), les nouvelles attitudes face à la maladie...

Pour faire interdire ce génial frotti-frotta des méninges, des chattes et des culs, le Familienlobby (christianiste) a déposé mardi dernier une pétition munie de 5000 signatures à la mairie de Zurich. Peu de chance que la démarche aboutisse: la ville, son office
du tourisme, ses commerçants et l'aéroport Unique participent activement à l'organisation de la manifestation lesbi-gay. Pourquoi? Parce que Dieu a créé les homos pour qu'ils croassent, se multiplient et deviennent de juteux touristes.

Pauvre Suisse! "Constitué au nom de Dieu il y a plus de 700 ans, le petit peuple helvétique est devenu l'une des nations les plus riches et pacifiques du monde", déclare le Familienlobby. "Notre système de démocratie directe est unique [comme l'aéroport de Zurich]. Où trouver dans le reste du monde des citoyennes et citoyens qui peuvent à ce point participer à la prise de décision? Avec l'aide de Dieu et sous Sa conduite, nous voulons maintenir ces acquis et renforcer les piliers de notre nation." Et pour cela: protéger et favoriser la famille telle que Dieu l'a créée. Donc combattre la propagande néo-marxiste qui s'acharne contre cette institution. Et par exemple, attaquer les organisations qui renforcent la misère sexuelle des homos. Voyez ci-dessous le témoignage d'un malheureux qui a été guéri de son orientation, brochure qui décrit aussi "l'activité nuisible du lobby homo".

Après l'EuroPride, le Familienlobby fondra sur l'interruption de grossesse qu'il veut faire interdire. Il luttera contre la multiplication des crèches et des garderies; notre nouveau ministre de la guerre, Ueli Maurer, n'a-t-il pas proféré que "lorsque les mères travaillent, c'est l'État qui s'occupe des enfants"? (Sous-entendu: retour des femmes au foyer.) Ensuite, le lobby se mêlera du patchwork des familles: divorce, concubinage, parents homos. L'interdiction de l'euthanasie active figure aussi au programme.

Le Familienlobby a le droit de se faire entendre. La démocratie s'enrichit des opinions de ses membres. Ce qui me dérange, ce sont les informations tordues, voire mensongères, que ce lobby (qui se prétend chrétien) tire de l'étude "Santé Gaie" . L'Office fédéral de la santé s'est insurgé dans un communiqué: "Dadurch entsteht ein falsches Bild von Homosexualität" (il en résulte une image faussée de l'homosexualité). Le mensonge éhonté, c'est la tactique de la politique christianiste américaine et de l'intégrisme des islamiques.

Ulysse

mercredi 10 décembre 2008

Conjugo (4) -- Les 135 mois de grossesse de Michelle Duggar


Dans trois semaines, "Dieu voulant", Jim-Bob et Michelle Duggar, agents immobiliers dans l'Arkansas, annonceront la venue de leur 18e enfant. La télévision
américaine est ameutée puisque cette famille fait l'objet d'une série hebdomadaire éducative d'inspiration christianiste [lisez: intégriste]. Alors, comment produire une flopée de mômes et gagner de quoi les élever avec les produits dérivés? Méthode.

Michelle avait 17 ans, Bob 19 lorsqu'ils se sont mariés. Après quatre ans de régime pilule, ils ont laissé le champ libre pour un premier fils, Joshua qui a 20 ans aujourd'hui (déjà marié). Puis re-pillule. Pourtant Michelle tombe enceinte et fait une fausse couche que le couple attribue au moyen anticonceptionnel. Changement d'attitude: "Nous laisserons Dieu décider". Jusqu'à aujourd'hui, Dieu leur a dispatché 10 garçons et 7 filles en seulement 15 grossesses puisque deux paires de jumeaux se sont
glissées dans le lot. Au total: 135 mois de grossesse, 90'000 langes, 9 salles de bain dans la maison et 200 lessives par mois. La famille procrée et achète en gros.

L'éducation se déroule de manière douce: plutôt encourager que blâmer. La planification des journées et des tâches de chacun est précise, détaillée, affichée. Tout cela en suivant les préceptes d'une méthode de management pour familles chrétiennes (bouquins, DVD, cours par correspondance) que la famille illustre dans ses émissions, tirant des revenus pour ce parrainage. La scolarisation des enfants se déroule à domicile, selon un programme (très lacunaire) fondé sur les "vérités bibliques" (créationisme etc.) qu'utilisent de nombreux fidèles évangéliques pour éviter d'exposer leurs enfants aux mauvaises influences de l'école publique. Chaque petit Duggar est initié au piano et au violon, belle occasion d'émouvoir dans les chaumières lorsque l'orchestre joue des hymnes à la gloire de son créateur.

Vendre
votre histoire au plus offrant; la rendre piquante soit par l'exemplarité de votre vie, soit par une déchéance spectaculaire: c'est la base d'une marchandisation fructueuse. Ensuite: proposer un abonnement quotidien par internet à votre Daily Success, conseils de sagesse divine. Diffuser vos recettes de tambouille. Publier des bouquins. Le dernier en date: The Duggars: 20 and counting (Les Duggar, ils sont 20, mais le compte n'est pas terminé) anticipe sur la naissance proche et se résume par une citation biblique. "Dieu donne tout à son ami dans son sommeil. Des fils, voilà comment Il bénit le fruit de ses entrailles. Les fils de sa jeunesse sont comme des flèches dans la main du brave. Glorieux l'homme qui en a rempli son carquois" (Psaume 127). Le couple Duggar suit les préceptes d'une communauté évangélique qui bannit la planification familiale. Comme on peut le constater sur cette ancienne photo (détournée pour en faire une affiche féministe), les plus jeunes membres du cirque familial ne comprennent pas encore qu'il faut afficher un large sourire pour gagner sa croûte. Glauque!

La méthode que Jim publie à l'intention des pères exalte à la fois l'humilité et le machisme patriarcal. Il les encourage à s'excuser auprès de Jésus, de leur épouse et des enfants pour le tort qu'ils leur auraient causé. A remettre le pilotage du navire à Dieu
afin qu'Il les dirige dans les décisions à prendre en tant que coaches et guides spirituels de leur famille. A la protéger en éliminant les livres, les journaux, les programmes de télévision, les sites de l'internet qui pourraient avoir un contenu contraire aux préceptes et à la moralité évangéliques. A les remplacer par les biographies des héros de la foi, de la musique sacrée et de bons vieux jeux éducatifs. Mais, comment réagira cette belle jeunesse le jour où elle quittera son enclos d'élevage en batterie? Et découvrira qu'il y a dans le monde des gens sympathiques et plus instruits qu'eux qui jurent, boivent de l'alcool, sont opposés à la guerre, divorcent sans abandonner leurs enfants, avortent quand cela leur paraît inévitable, tombent amoureux de personnes du même sexe ou votent démocrate? Dieu seul le sait.

Ulysse

lundi 8 décembre 2008

Du dernier au premier orgasme, à reculons


U
n de mes potes revient du Népal. Retraité, il a passé quelques semaines en tant que volontaire, envoyé par une ONG suisse dans une haute école technique, dans une fabrique de glaces et... une boulangerie. Son domaine: l'hygiène dans l'élaboration des produits alimentaires. Au retour,
il s'est arrêté une courte semaine en Inde. S'il avait choisi de faire escale à Mumbai/Bombay au lieu de La Nouvelle-Delhi, et une semaine plus tôt, il aurait été témoin des attentats, voire plus. Si... La vie n'offre aucune garantie d'être encore ma vie demain. C'est une évidence qu'on préfère oublier.

Mumbai/Bombay. A un jet de pierre de l'hôtel Taj-Mahal (où le feu a de nouveau éclaté aujourd'hui), les amoureux de l'art et de la beauté prennent le bateau pour l'île d'Elephanta dans la mer d'Oman. Ils vont visiter un ensemble de grottes vouées au culte shivaïte dont les hauts-reliefs comptent parmi les expressions les plus parfaites de l'art indien (entre les Ve et VIe siècles).

La première fois que j'y ai accompagné un groupe de touristes, les principales sculptures étaient éclairées depuis l'extérieur par des panneaux réfléchissants; une équipe de cinéma y tournait une scène de comédie... musicale. Voyez ce buste haut de 6 mètres dont les visages représentent les trois formes du dieu
Shiva. L'aimable Brahma à droite, peut-être dans son rôle de créateur; le méditatif Vishnou au centre, le conservateur selon certaines interprétations; et Shiva lui-même à gauche, effrayant, le destructeur. Résumé de notre existence, du début à la fin.

Un humoriste américain, George Carlin si je ne fais erreur, se plaignait de la vie en disant que le pire, c'est la façon dont elle se termine. Quel trophée gagne-t-on à la fin? Une mort. On devrait, disait-il, inverser le cycle. On commencerait par mourir pour ne plus avoir à y penser. Puis on séjournerait dans une institution de personnes âgées dont on serait expulsé en devenant trop jeune. On recevrait une montre ou un bon de voyage et on irait travailler. Après 35 à 40 ans, on serait remercié et on commencerait à fumer, à boire et à sortir la nuit. Ensuite, ce serait le temps des études et des dernières amours. Alors, on deviendrait un enfant, on pourrait enfin jouer, on serait libéré de toute responsabilité jusqu'au berceau. Viendrait le moment de s'introduire dans le ventre de sa mère et d'attendre neuf mois jusqu'au big bang où l'on finirait l'existence dans un orgasme!

Le cycle de la vie raconté par les trois visages du dieu, mais dans une lecture de gauche à
droite. La grande éjaculation de la mort pour commencer, l'orgasme parental pour finir. Bingo! Ci-contre, toujours dans les mêmes grottes: symbole phallique de Shiva, le lingam se détache dans la fenêtre comme la victoire de la création renouvellée. Les fidèles l'entourent de révérence et de fleurs, l'oignent d'huile. On devrait traiter les lingams de chair avec la même dévotion.

Ulysse

vendredi 5 décembre 2008

Conjugo (3) -- Les étudiantes et étudiants entretenus


Rappel: je nomme conjugo [ou conjungo] les combinaisons qui permettent aux humains de transmettre du sperme, d'échanger du fric et du sexe, ou de conjuguer le verbe aimer de je à tu, il, nous et jusqu'à vous. Le récit de Melissa Beech -- lisez bitch -- (nom de plume) intitulé My Sugar Daddy, a paru dans The Daily Beast et a fait le tour des blogues nord-américains.

Un sugar daddy est un mec plus âgé prêt à aider financièrement une jeune personne, femelle ou mâle, contre quelques avantages
définis par contrat. "On pourrait l'appeler prostitution. Je préfère dire arrangement mutuellement bénéfique qui me permet de me payer des fringues d'enfer", écrit Melissa en préambule. Étudiante en Pennsylvanie, de famille aisée républicaine et catholique, elle précise: "Mon milieu m'a fourni les outils nécessaires au succès: éducation très classe, les écoles les meilleures, bonnes lectures, aisance dans la parole, voyages."

Durant ses premières années à l'uni, Melissa a essayé de se débrouiller pour devenir financièrement indépendante. "Dans la vente, comme j'étais entourée de tentations, je dépensais plus que je ne gagnais. Le service au restaurant, c'est trop crevant. Je me suis présentée à plusieurs entretiens d'embauche, mais on me proposait des stages non payés." Puis, le miracle: "Tout d'un coup,
je rencontre un employeur potentiel -- début de la trentaine, célibataire et en plein succès financier. Il ne m'engage pas, mais me propose une situation qui convient parfaitement à mes aptitudes et talents. Il m'offre de devenir mon bienfaiteur."

Vu de l'extérieur, poursuit la bitch, ce genre de parrainage ressemble à de la prostitution. "Mais les femmes n'ont-elles pas toujours usé de leurs charmes pour avancer dans la vie?" Melissa évalue le pour et le contre. Puisqu'elle étudie le journalisme et l'économie et que le parrain candidat évolue dans les médias, il pourrait lui fournir d'excellents contacts. [En plus, quels meilleur travaux pratiques pour l'économie et les médias que de se prostituer?] Néanmoins, elle se demande si le gars va lui plaire. Elle accepte une invitation à dîner et c'est lui qui pose les questions. Journaux et livres préférés, convictions politiques, loisirs. "C'était un homme aimable et à la fin de la soirée je me sentais très attirée. J'ai posé mes exigences, il a posé les siennes. Il cherchait ce genre de relation car ses ex n'avaient pas accepté que son travail passe avant tout."

Puis il a défini le paquet financier. Une allocation mensuelle, des cadeaux réguliers et des vacances en couple dans les lieux les plus beaux au monde. Des suppléments pour lui permettre d'inviter ses copines à des week-ends entre filles dans des stations de luxe. D'autres petits bénéfices comme un appartement à 1'600$ par mois, 700$ mensuels pour la voiture, 12'000$ par an pour sa pelote, un carte de crédit sans limite. [Melissa ment-elle dans son article?] Ses conditions à elle:
"Attendre avant d'avoir des rapports sexuels que je le connaisse mieux." Une certaine discrétion par rapport à sa famille à elle et à ses amis. Seule sa meilleure copine connaît les détails de l'arrangement et les coordonnées du mécène, c'est une sécurité.

Je vous passe les détails des voyages, shoppings, tours en hélicoptère, cadeaux somptueux. La super bitch a attendu trois mois avant d'offrir sa chatte à son généreux matou! Aux Etats-Unis -- pays de toutes les possibilités si vos parents sont riches -- les études dans les universités prestigieuses sont ruineuses. Un bon nombre d'étudiantes et d'étudiants aussi (les sportifs, les artistes et les architectes d'intérieur sont les plus recherchés) se font entretenir par des sugar daddies ou quelques rares sugar ladies. Les autres marnent dans de petits boulots, glanant des expériences utiles. La prostitution traditionnelle à temps partiel fait également partie du lot. Le phénomène est présent en Europe; il va s'accentuer avec la crise économique.

Je respecte sincérement les honnêtes travailleuses et travailleurs du sexe. C'est les putes comme Melissa Beech que je n'encaisse pas. Pourquoi?

Ulysse -- Photo du sugar daddy empruntée à Playgirl, magazine en fin de vie.

mardi 2 décembre 2008

Histoire de machisme et de condoms entre Rostock et La Havane



Monika Krause, une étudiante de Rostock, ville portuaire de RDA, tombe amoureuse de Jesús Jiménez, un bel officier de marine cubain venu prendre livraison d'un cargo. Elle l'épouse et le suit à La Havane. On est en 1961, l'année de la construction du Mur. Et 45 ans plus tard, Jiménez se souvient: "Nous n'avions pas imaginé combien ce serait difficile, un mariage entre une Allemande et un Cubain." D'autant plus que sa jeune épouse militera bientôt pour les droits de la femme (au royaume des machistes!), puis deviendra éducatrice sexuelle officielle du Régime déclenchant une révolution dans la Revolución. C'est ce que raconte le documentaire La Reina del condón, film à la fois jubilatoire et nostalgique qui sort ce mercredi à Genève et Lausanne.

Les cinéastes zurichois Silvana
Ceschi et Reto Stamm nous montrent la transformation d'une jeune Allemande de l'Est émancipée -- cheveux courts, pas de maquillage -- au pays des femmes aux longues chevelures sensuelles. Introduite dans le cercle des proches de Fidel que fréquente son mari, Monika est invitée à collaborer à l'éducation et à l'émancipation sexuelle des femmes par l'épouse de Raúl, Vilma Castro, présidente de l'Association des femmes cubaines. Elle constate que les adolescentes qui fréquentent les internats mixtes, nouvellement créés par le Régime, ne connaissent pas la contraception, tombent enceintes et doivent interrompre leurs études. Elle publie le premier livre d'éducation sexuelle depuis la Revolución. Tout le monde s'en souvient encore aujourd'hui, y compris les petits gars de l'époque qui l'empruntaient à leur mère pour le feuilleter d'une main humide, enfermés dans les toilettes.

Monika Jiménez Krause se rend dans les écoles pour donner une instruction précise avec démonstrations pratiques. Puis elle participe à des émissions régulières à la radio et à la télévision. C'est cocasse car, dans certaines situations, elle n'a pas le droit de prononcer des mots tabous... Le jour où elle démontre la résistance d'un certain accessoire en latex qu'elle remplit d'un litre d'eau, le scandale dépasse les bornes et on la surnomme la reina del condón pour l'humilier. Elle en fait un titre de gloire. Néanmoins, la briseuse de tabous est brisée à son tour.

L'histoire de cette femme visionnaire nous est racontée à quatre voix. La sienne qui nous vient du fond de l'Allemagne où elle vit aujourd'hui; celle de Jesús son premier mari; et celles de Dictys et Daniel leurs deux fils. Ils avaient fui Cuba avec leur mère en 1990; ils y sont retournés, accompagnés des
cinéastes, pour retrouver leur père après tant d'années. Les quatre éclairent chacun à sa manière des pans de la vie publique et privée d'une sexologue qui a combattu le machisme, puis l'homophobie jusqu'au k.o., le sien. Épouse embarrassante parfois (le machisme cubain n'a pas encore choisi l'exil). Mère trop connue et gênante par rapport aux petits camarades d'école. Femme que ces trois hommes admirent chacun à sa manière, tout en gardant la distance.

Le film fait revivre le Cuba socialiste des années glorieuses, le clan Castro, ainsi que l'évolution de l'éducation sexuelle germano-cubaine. Et aussi: Cuba aujourd'hui, ses femmes et ses hommes (un peu plus émancipés, désappointés), dans la rue, dans les boutiques, dans les foyers et jusque dans une boîte à travelots rigolote. "Wenn ich Frauen überzeugen konnte, dass sie Anrecht auf ihre eigene Sexualität haben und Machismo nichts Naturgegebenes ist, dann hat es sich gelohnt", conclut Monika, devenue Krause-Fuchs. Mais le machisme est-il seulement une construction sociale, comme elle semble le dire?

Genève: Les Scala. Lausanne: City Club Pully (la salle que fréquentaient Brigitte Bardot et Günther Sachs!)

Ulysse

lundi 1 décembre 2008

Le bruit du tam-tam dans la forêt urbaine: histoire de capote


L
es hommes, lorsqu'ils ont des relations sexuelles avec des hommes, n'ont pas l'habitude de se raconter avant de faire l'amour. (Ils parlent avec les femmes par courtoisie ou pour franchir au plus vite le barrage des questions.) J'ai entendu cette histoire hier. C'est un gars séronégatif (appelons-le X) qui baise
un mec au sauna. Au plus fort de l'action, la capote se déchire et X ne s'en rend compte qu'après avoir éjaculé, au moment où il se retire. Il en fait part à son partenaire du moment, Z, qui hausse les épaules, émet un "Qu'est-ce que ça peut foutre?" et quitte immédiatement la cabine. X a toujours respecté les principes du sexe sécuritaire. Ce qui vient de se passer lui fout les boules au point qu'il ne sort pas immédiatement à la poursuite de Z pour lui poser la question qui s'impose.

Les scénarios se croisent dans la tête de X. Le mec que je viens de baiser est-il séropo? Est-ce la raison pour laquelle
il ne m'a même pas demandé si j'étais nég ou pos? Dans ce cas, est-ce que je suis en danger? Devrais-je envisager un traitement post-exposition dès demain? Comment vais-je supporter les effets pénibles du traitement durant quatre semaines? Ou bien Z suppose-t-il que je suis négatif, je ne sais pas pour quelle raison... Certains types imaginent pouvoir le détecter. Les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, n'ont pas forcément non plus l'habitude de se raconter après avoir fait l'amour.

Et si X avait été positif, aurait-il eu les couilles de le déclarer à Z après avoir constaté l'état de la capote? Beaucoup de mecs séropos considèrent à juste titre qu'il n'est pas utile, ni judicieux, d'annoncer leur statut sérologique tant qu'ils baisent couverts. La stigmatisation face au VIH est bien réelle. Elle peut être involontaire, mais brutale, lorsqu'un type te demande maladroitement: "Est-ce que t'es contaminé?" Beaucoup de gars se sentent rejetés -- autant par les amis, la famille qu'au travail -- lorsqu'ils informent leur entourage de leur statut positif. En réalité, ce n'est pas eux qui font peur, mais "la maladie", et cette image trouble de la mort qui se faufile derrière. Ceux qui ont un cancer font la même expérience. (La crainte de la stigmatisation est peut-être ce qui a fait fuir Z lorsque X lui a montré sa capote déchirée.) Car la rumeur méchante se propage aussi rapidement que les battements du tam-tam dans la grande forêt urbaine.

Ulysse

Photos.-- Après la fellation, le mec tatoué s'apprête à stimuler son partenaire par un léchage bucco-anal; côté VIH, le risque n'est pas élevé, en revanche la transmission de l'hépatite et de parasites est fréquente. Pour se prémunir, il faut une une hygiène rigoureuse et se faire vacciner contre l'hépatite A et B. Test de dépistage des infections transmises sexuellement (ITS) tous les six mois. Le jeune avaleur de sabre a l'air étonné d'y être parvenu! Fellation sans capote et sans éjaculation: peu de risque HIV; ne pas se brosser les dents une demi-heure avant ni après. Test ITS tous les six mois, y compris un prélèvement dans la gorge.

dimanche 30 novembre 2008

Conjugo (2) -- Chaque soir durant une semaine: la thérapie conjugale du révérend Young


C
oup double lors du prêche, dimanche 16 novembre, du révérend Ed Young -- prédicateur de la Fellowship Church, communauté évangélique comptant 20'000 membres [un succès: il l'a fondée en 1990]. Ed vante les bienfaits de la relation sexuelle intentionnelle et propose un exercice
thérapeutique à ses paroissiens mariés: se connaître bibliquement chaque soir durant la semaine qui vient. L'histoire a fait le tour des Etats-Unis. Ma soeur, mon frère, n'attends pas d'en avoir envie, fais-le chaque soir; et à la fin du marathon, à l'instar du Créateur, ton couple verra "comme c'est bon". Toute une semaine sans invoquer les excuses traditionnelles -- je ne le sens pas ce soir, j'ai mal à la tête, je dois me lever tôt, j'ai trop mangé, les enfants ne dorment pas encore...

Coup double. Parce que dans la dépression qui frappe les croyants fondamentalistes (et républicains) après l'élection d'un homme de couleur bien plus intelligent et élégant qu'eux, trop loyal pour lancer des accusations mensongères contre ses concurrents, il fallait trouver une diversion à leur dépit rageur. D'autant plus que la fin du monde promise n'a pas eu lieu, malgré le prénom musulman et les idées communistes de l'élu. Quoi de mieux qu'un peu de choubidou pour requinquer les paroissiens? Et ameuter les médias qui eux aussi cherchent à distraire le peuple après l'indigestion de la campagne. Alors, un révérend qui prêche en faveur du cul, c'est du pain béni! Ed et sa femme passent sur toutes les chaînes de TV.

Lorsqu'on tient un bon sujet [conseil aux prédicants, aux politiciens et aux nymphomanes] on ne le lâche pas. Le dimanche suivant, le pasteur Ed et sa femme Lisa poursuivent sur le même thème: remettre Dieu au centre du lit conjugal [cela fait beaucoup de monde avec les fantômes de deux fois papa et maman, des maîtresses et amants passés et maintenant le pasteur en plus...]. Mise en condition des paroissiens: un lit double au centre de la scène d'où Ed prêche habituellement [lors d'autres péroraisons, j'y ai vu une voiture de sport, ou une cuvette de wc -- ce qui permet aux croyants d'identifier le culte à une téléréalité]. Le pasteur est assis sur la couette, son épouse a pose ses fesses plus haut, sur le pied de lit -- bonne indication du metteur en scène pour faire oublier l'injonction de Paul aux Éphésiens: "Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Les femmes à leur mari, comme au Seigneur, car le mâle est la tête de la femme comme le Christ est la tête de la Communauté..." Le prêche est diffusé par la télévision et il ne faut pas énerver la ménagère de moins de 49 ans (dans son royaume de fanfreluches: la chambre à coucher) en insistant sur la primauté des mecs. Il y a longtemps qu'elles y ont mis fin.

Lisa attaque: "Certains parmi nous sourient" et reconnaît que pour d'autres qui doivent régler des conflits -- infidélité, addiction, pornographie ou d'autres blessures --, les sept jours de marathon sexuel "ont été douloureux, mais j'espère aussi l'occasion d'accorder le pardon". Ed prend sa voix de conseiller spirituel: "Poursuivez ce que vous avez réalisé cette semaine. Nous devrions arriver à doubler la qualité d'intimité que nous connaissons dans le mariage. Par intimité, je n'entends pas juste se tenir la main en se promenant dans un parc, ou se faire un massage du dos". Le pasteur adapte les recettes que son équipe de rédaction a puisées dans la littérature spécialisée et y ajoute des "Dieu veut que nous...", "Dieu dit..." qui lui permettent de repasser les plats
. Peut-être que, pour certains couples, la sainte incitation à baiser dans la joie et la liberté a été libératrice. Mais les autres ont été renvoyés à la colère, aux larmes, à la prière et à leur impuissance face à des difficultés qui paraissent insurmontables.

Ed et Lisa dirigent un petit empire. Je ne sais pas s'ils ont déjà
atteint le niveau de l'escroquerie ou si le désir de servir leur prochain est (encore) sincère. Outre la paroisse de Grapevine (Texas) et d'autres églises satellites dans la région de Dallas et à Miami, ils gèrent la retransmission télévisée de leurs shows à travers le monde. Ils publient un blogue, des DVD et des livres. Les deux derniers, 365 Nights et Just Do It traitent aussi du couple en manque de relations sexuelles satisfaisantes, un filon infini.

Quant aux célibataires et aux couples non mariés -- hétéros ou homos -- ils n'ont qu'à suivre la voie unique que les religions ont tracée s'ils veulent obtenir l'autorisation de baiser à corps perdu et âme retrouvée.

Ulysse

dimanche 16 novembre 2008

Conjugo (1) -- Ed Houben se masturbe pour faire des enfants


"F
aire des enfants": l'expression est épouvantable, mais elle convient à Ed Houben, de Maastricht (Pays-Bas), un garçon timide qui propose sa semence sur l'internet et en fait réellement l'offrande comme il sied à un donneur de sperme. Interviewé par Jan van Tienen pour Vice, magazine germano-suisse, Ed
annonce 46 rejetons, alors que six femmes attendent un heureux événement dû à ses services.

Ed vient au secours des femmes seules, des couples de lesbiennes et des maris stériles. "Il y a cinq ans,
j'ai découvert que la demande de sperme était plus grande que l'offre. Je cherchais un moyen d'être utile à mon prochain et j'envisageais de travailler dans la Santé publique. Mais là, j'ai trouvé ma voie: offrir un enfant à quelqu'un." Oui mais, putain de sort: 46 enfants, cela ne va-t-il pas un peu loin? "J'arrêterais tout de suite s'il y avait suffisamment de donneurs. Je ne fais pas cela par égoïsme, mais il me plaît de rendre d'autres gens heureux."

Au début, Ed pratiquait le service à domicile; il se rendait jusqu'en Belgique ou en Allemagne pour livrer le jus fraîs du pressoir (jamais de surgelés). Aujourd'hui, il fait la connaissance des demandeuses et demandeurs par courriel, s'assure qu'ils ont l'étoffe de parents honorables, puis les convoque à Maastricht où ils s'intallent à l'hôtel. "Je les inviterais bien chez moi, mais ma maman n'est pas encore en maison de retraite." Il se rend à l'hôtel, se retire à la salle de bain, se masturbe et livre la crème encore chaude. "La plupart du temps, je reste jusqu'à ce que la femme ait terminé l'insémination, puis je rentre chez moi." Ensuite? Inséminateur et inséminée renouvellent l'exercice jusqu'à ce que grossesse s'ensuive. Puis c'est aux parents de garder le contact avec lui ou non.

Ed se donne corps et âme à sa vocation. Les cycles ovariens des demandeuses dictent son emploi du temps. "Récemment, j'ai dû intervenir à cinq reprises durant le même week-end. La première femme le vendredi, deux le samedi, une dimanche et la dernière lundi. Quand même, deux d'entre elles sont devenues enceintes!" Alors, on lui demande la recette. "Je ne porte pas de jeans serrés, les testicules doivent être toujours bien aérés. Je ne prends pas de bains trop chauds et évite le sauna. Je bois très peu d'alcool et avale
régulièrement de l'acide folique [vitamine B11, germes de blé] et des capsules d'huile de poisson.

Cette année, Ed Houben a organisé une rencontre de famille. Seize femmes qu'il avait engrossées ont répondu à l'invitation; plusieurs sont venues avec compagne/compagnon et enfant -- en tout trente personnes. "Les mômes m'ont été présentés; cinq minutes après, ils jouaient les uns avec les autres. Leur réaction: 'Ah, c'est lui papa; et maintenant, à quoi on joue?' C'est bien ce que j'imaginais."


Ed ne se sent pas "père" lorsqu'une femme lui annonce une naissance. "Sinon, je ne pourrais pas être donneur." Mais il a pleuré en apprenant qu'un prématuré n'avait survécu qu'une heure. La mort de son frère lui est revenue en mémoire. "Heureusement, d'autres mères de mes enfants m'ont consolé. Certaines d'entre elles sont devenues de bonnes amies." Ed vit en célibataire. Il est timide, dit-il, et ne parle pas volontiers aux femmes. Quelques-unes de ses inséminées sont tombées amoureuses de lui, mais il n'a pas ressenti d'élan réciproque. Pourtant, avec sa générosité et ses talents, il n'y aurait pas de quoi être emprunté vis-à-vis des femmes. Et s'il était un éjaculateur précoce? En tous cas, c'est un atout dans son ministère.

Pour le moment, Ed a trouvé sa place dans la toile des relations humaines. Ce que la société normative veut absolument canaliser vers un seul modèle, le mariage, s'exprime en réalité de façons très diverses. Faute de mieux, je nomme le conjugo [ou conjungo] le faisceau des nombreuses combinaisons amoureuses ou amicales qui incitent deux êtres (voire plus) à conjuguer leur vie ensemble, de manière plus ou moins proche et intime, plus ou moins régulière, plus ou moins conformiste. Le mariage unique et absolutiste craque aux entournures -- pas pour tout le monde --, mais beaucoup cherchent des formules qui leur seraient mieux adaptées. En faisant du don de sperme un acte de solidarité amicale plutôt qu'une affaire médicale et commerciale, Ed participe à cette quête.

Ulysse -- Photo d'Ed Houben: Boudewijn Bollman

dimanche 9 novembre 2008

Prière pour que les salopards les plus fortunés restent des salopards


V
endredi après-midi, puisque la fine brume tardait à se dissiper, nous n'étions que deux à prendre le soleil sur les galets de la plage. Nue aussi, une femme m'entretenait avec une passion retenue des subtilités de sa profession: l'astrologie. Je ne sais pas dans quel journal elle publie ses conseils, ni où elle tient consultation. Elle m'a expliqué sur quelles bases elle se fondait pour tirer des prédictions, décan par décan. Puis nous avons parlé de la situation politique globale. Alors, en nageant dans l'eau de novembre -- de plus en plus claire et froide -- j'ai compris pourquoi
j'étais à ce point tétanisé, en colère, empêché d'écrire. C'était le grand brouhaha du monde au sujet de l'élection américaine qui me grippait totalement. Comme m'avait irrité le "Nous sommes tous Américains" clamé à hue et à dia après le 11 septembre...

Pendant des années, ces salopards d'Américains (il n'y a pas d'autre terme) ont laissé faire leur président et son clan -- par conviction, ou par ignorance et cécité; par patriotisme, par lâcheté. Par paresse, par calcul et tout ce que vous voulez. Les plus grands parmi les adversaires politiques de bébé Bush ont ratifié ses choix, ou modéré leur opposition...

Peut-être assistons-nous enfin à la victoire des forces de la bienséance élémentaire (decency), du respect de la diversité et de la solidarité envers les moins bien lotis. Too soon to tell. Mais c'est une victoire arrachée au forceps. Que d'argent dépensé par Obama & Compagnie pour acquérir une si faible majorité!!!

Qu'allons-nous faire maintenant? Prier? Prier Déesse ou Dieu, Allah, Shakti et Shiva, Bouddha ou tout autre Esprit que vous vénérez pour qu'Elle/Il remplisse les Démocrates d'une énergie nouvelle afin qu'ils ne salopent pas définitivement ce qui ne l'a pas encore été; qu'ils ne mettent pas les bâtons dans les roues du clan Obama après l'avoir encensé; qu'ils ne reprennent pas illico leur part de pouvoir personnel, mais pensent d'abord à l'intérêt de la communauté.

Peut-on espérer que les salopards des deux camps (et des médias) feront amende honorable, demandant pardon? Non, ils ne s'humilient publiquement que pour des affaires de cul.

Rob Brezsny, un maître de sagesse et mon astrologue préféré, habite les Etats-Unis. (Ce pays, comme le mien, est jonché de bombes à retardement qui cachent des mines d'or.) Il déclare: "L'étalage aveuglant de la cupidité, de la corruption et de la folie des grandeurs qui règne à l'échelon supérieur de la hiérarchie politique et financière américaines est une bénédiction pour l'humanité toute entière. La mise en évidence d'un tel chaos pourrait rendre plus difficile la poursuite des affaires comme à l'accoutumée: nous avons vraiment reçu un cadeau providentiel!"

Alors, Rob aussi y va de sa prière, qu'il adresse à la Déesse des escrocs et des voleurs. "Veuille dans Ta bonté continuer à inspirer les maîtres de la ploutocratie [gouvernement par les plus fortunés] et de la guerre, et leurs laquais des médias, afin qu'ils fassent durer leurs mauvais coups et que ceux de notre tribu qui dorment encore se réveillent et découvrent enfin le pot aux roses." *** Il faudra que nous parlions bientôt de l'échéance de 2012...

|| Ulysse -- "The Man From Illinois", illustration de Scott Siedman.

lundi 3 novembre 2008

Comment un héros nie la peur, fout en l'air sa vie et éventuellement celle des autres



Ceci n'est pas de la politique. Juste l'occasion d'observer les grimaces, les crispations de mâchoire, les sourires glaçants, les tics et les convulsions d'un vieil homme qui pourrait affecter le destin du monde entier ou disparaître dans l'oubli, suivant ce que décideront ses compatriotes dans les heures qui suivent. Pourquoi ce mec qui dit n'avoir peur de rien paraît-il si crispé lorsqu'il tire la langue?

Une phrase que John McCain a répétée lorsqu'il évoquait son expérience de prisonnier de guerre, a éveillé ma sympathie, ma curiosité et ma méfiance. C'était, à peu près ceci: "Je sais ce que c'est que la peur. Je l'ai ressentie dans le passé. Je ne la laisserai plus jamais m'envahir." Le discours d'un vrai héros, d'un macho accompli. Ou plutôt: d'un fanfaron qui se déchausse en public et retire sa chaussette, dévoilant son talon d'Achille. Et que voit-on? Le déni, l'angoisse existentielle, la trouille bien naturelle d'un guerrier qui a passé des années en captivité.

La thérapie psycho-corporelle à laquelle je m'astreins depuis quelques années demande de la patience de la part du thérapeute comme du... patient. La peur et la colère sont au centre de ce travail. Tant que tu ne te permets pas de regarder bien en face cette peur si humaine, si fondamentalement
installée dans tes tripes, tu ne vis pas dans ta réalité. Tu ne peux pas faire la différence entre ce qui est vraiment dangereux pour toi et tes peurs imaginaires. Tu ne peux pas utiliser tes forces de manière pleinement créative puisqu'elles sont mobilisées à faire barrage contre la peur. C'est la trouille de la trouille qui t'habite.

Si tu choisis le déni -- le remède de McCain pour lutter contre la peur -- l'angoisse persiste et te ronge encore plus. Prisonnier de son arrogance, le candidat républicain a distillé la peur durant toute sa campagne. Lui qui passait pour un politicien indépendant et parfois intègre, il a renoncé à ses positions afin de gagner à n'importe quel prix. L'ambition aveugle a détruit son honneur. Pour arriver à ses fins, conduit par le déni, il a semé les graines de la peur et de la haine au lieu de présenter un programme. Depuis George W. qui, avec son gang, a si habilement exploité le 11 septembre, les Américains chient de peur et de patriotisme dans leur froc. Ces derniers jours encore, beaucoup d'entre eux semblaient prêts à continuer à se faire chier avec McCain, le fils à papa, l'amant misérable, la tête brûlée,
le va-t-en-guerre.

John! quand la peur te serre les tripes, salue-la, respire à fond et invite-la à danser! Si tu reconnais qu'elle fait partie de ta vie, comme de la mienne, elle te collera moins à la peau; puis tu feras ce qu'il faut pour l'apprivoiser (peut-être avec la collaboration d'un professionnel) et elle t'aidera à t'aimer, à aimer ta femme, ton entourage. Tu sais, quand on t'observe avec Cindy pendant que tu l'embrasses à la fin d'un discours, on dirait que tu mords un rouleau de fil de fer barbelé. Je sais, la pauvre petite fille riche a tout raconté sur sa vie d'accro aux médics, et comment elle les volait. Je sais, tu as affirmé que tu ne ressentais aucune séquelle psychologique de ton enfermement au Vietnam du Nord; tu as même ajouté que tu ne t'étais jamais rendu compte des dépendances de ta femme angoissée. Mais la peur, justement, elle nous rend aveugle, sourd et muet face à la souffrance et à l'amour.

John! Est-ce que l'argent de ta femme, et peut-être la gloire demain, te suffiront jusqu'à la fin de tes jours? Et Sarah Palin, te suivra-t-elle jusqu'en enfer?

|| Ulysse